AHOU numérique n°9 (11/03/2021)


Sommaire

1) Édito

2) Pour l’écosocialisme ?

3) La gauche petite-bourgeoise

4) BD – Les Géométriquement aventures de Marcel Triangle et René Rond En Gilet Jaune

5) Être anticapitaliste oui, mais pour quoi faire ?

6) Révolution française et Gilets Jaunes

7) Du beau du câlin du pangolin, notre rubrique Arts et douceur – Poe aime (poésies)

8) Liens


Édito

Nous ne parlerons par d’« islamo-gauchisme » dans ce numéro !

Si ce n’est pour dire qu’il s’agit d’une « opération commandée » pour discréditer de futurs adversaires à la Présidentielle de 2022 et qu’il est dangereux de diviser les Français entre eux en désignant ainsi des boucs-émissaires, comme sous Pétain où circulait l’idée d’un complot, tout aussi imaginaire, celui dit du « judéo-bolchévisme ». À l’époque le juif était accusé de tous les maux, il était à la fois assimilé au banquier, mais aussi aux révolutionnaires ayant participé à la révolution d’octobre voire de février 1917. Aujourd’hui un syndicaliste révolutionnaire comme Anasse Kazib par exemple, peut être accusé d’« islamo-gauchisme » pour discréditer les organisations et luttes sociales auxquelles il participe et tenter de nuire à un militant à SUD Rail très actif lors de la grève commencée le 5 décembre 2019 contre la casse du système de notre système de retraites, alors que celui-ci n’a bien entendu rien à voir avec l’islamisme radical mais bien plutôt avec une pensée matérialiste portée sur une explication du monde en termes de luttes des classes et non d’un quelconque dieu. Soit une accusation ridicule !



L’intérêt pour ceux qui se livrent à ce genre de calomnies ?

Détourner le débat de la question sociale pour aller le plus possible sur celui des thèmes de prédilection de l’extrême droite : islamophobie, lutte contre l’immigration et la délinquance, souvent associées par eux comme un lien de cause à effet. En somme, quand les inégalités explosent, la crise économique se déploie et la pauvreté augmente en France, pour contrer par avance la lutte des classes, c’est à dire à la défense de tous ceux qui subissent ce système et l’action du gouvernement qui le sert, l’accent est mis sur l’identité et la stigmatisation d’une minorité. Et finalement l’on pointe les conséquences mais jamais les cause, la délinquance plutôt que d’évoquer 40 ans d’attaque néolibérales contre la société, avec un chômage de masse, structurel.



Dans ce numéro nous parlerons d’écologie et d’écosocialisme.

Car il faut bien proposer quelque chose à mettre à la place du capitalisme destructeur pour l’homme, la planète, pour tout le monde en fait !… La catastrophe est moins sensible au jour le jour mais son inéluctabilité ne manquera pas d’aggraver les inégalités et le fait que les riches voudront se sauver et profiter jusqu’au bout de leurs privilèges, quitte à ce que ça soit les pauvres qui trinquent. Ainsi, Macron et son gouvernement n’y changeront rien et sont en train d’édulcorer les propositions de la Convention climat. Heureusement des jeunes se mobilisent, ce qui est rassurant en un sens : une grève pour le climat se tiendra le 19/03/2021 partout dans le monde mais également à Brest (RDV à 13h30 place de la Liberté).



Nous évoqueront la sociologie des classes moyennes à moyennes supérieures.

Celles qui aiment à se vivre comme progressives et fournissent des électeurs à la « gôche », une partie de ceux ayant voté Macron en 2017. On les y reprendra probablement plus… Sont visés le PS, EELV, bref, une gauche petite-bourgeoise et social-libérale ayant abandonné la classe ouvrière à l’exemple du Parti Socialiste (qui n’a de socialiste que le nom) pour l’élection présidentielle de 2012 sur les conseil de Terra Nova. Ceci pour privilégier la classe moyenne, les femmes et des minorités. Le prolo n’était plus leur clientèle électorale.

Nous parlerons de la révolution française et des Gilets Jaunes.

Des analogies que nous pouvons faire entre les Sans culottes des Sections parisiennes et la sociologie des Gilets Jaunes. Nous verrons ainsi que les révolutions ne sont jamais faites par un corps social homogène mais traversé de contradictions dues largement aux contradictions de classes parmi les différentes classes associées à un ennemi commun. Alors le roi Louis, aujourd’hui Macron. À l’époque l’aristocratie et les accapareurs d’une bourgeoisie commerciale, aujourd’hui d’une bourgeoisie industrielle mais surtout financière.

Enfin toujours : des BD, dessins, poèmes et textes divers, car il faut bien resté créatif, par ces temps sinistres.

Rappelons que Ahou est un espace de débat permettant d’amener des réflexions sur la table, rien de plus.

Ahou !


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Pour l’écosocialisme ?

Y a plus de jeunesse

Une jeunesse sacrifiée : des suicides d’étudiants, la « free party » de Lieuron (du 31/12/2020) sévèrement réprimée puis le couvre-feu à 18h et bientôt de nouveaux confinements ? Quoi ? Nous ne serions plus que bons à aller au turbin et pour ceux qui ne bossent pas, à rester chez soi, bien sagement, à se morfondre ?

Non, nous ne devons plus refouler, se recroqueviller en nous-mêmes comme dans une tombe mais au contraire sortir et défouler nos passions : crier, danser, chanter, jouer de la musique, en écouter…



Une société qui sacrifie sa jeunesse est une société malade

Le monde ouvrier, des travailleurs, est lui aussi frappé de plein fouet. Des plans de licenciement tombent de partout – et non de « sauvegarde de l’emploi » comme ils disent en une langue orwellienne de réalité inversée. Ceci, dans l’indifférence quasi-générale et une large occultation de grands médias de propagande des milliardaires, il faut bien appeler les choses par leur nom…

Mais c’est surtout une profusion de licenciements, quelques personnes ça et là, des postes non renouvelés, des intérimaires qu’on ne rappelle plus… Disons-nous le bien, en 2021 les faillites de TPE/PME vont s’accumuler jusqu’à saturation. La crise économique ne fait que commencer et pourrait bien prendre une ampleur plus comparable à celle de 1929 qu’à celle de 2008.

Sur le plus long terme, le changement climatique vers un réchauffement néfaste semble inexorable. Nos gouvernants ne font et feront rien, ou si peu, trop tard. Qui plus est, il ne faut bien évidemment pas espérer compter sur des capitalistes vertueux.


Bref, les crises se multiplient et interagissent entre elles. À cela il nous faut « être pour » quelque chose et non plus uniquement en réaction : contre Macron, contre une loi comme celle sur la « sécurité globale ». Nous proposons ici, au risque de paraître hors-sol car prématuré :

pour l’écosocialisme

Prendre en compte l’impératif climatique et pour cela reprendre notre pouvoir sur le travail : quoi, comment, en quelle quantité et où produire ? Quels investissements ? Ceci, décidé démocratiquement. Pour cela il faudra des banques publiques d’investissement sous contrôle citoyen et sûrement briser des monopoles (GAFAM) ou oligopoles (des 10 milliardaires qui possèdent 90 % des médias en France) ; relocaliser l’économie et mettre fin aux traités de libre-échange et de l’Union Européenne (budget et dette etc.).



Avec comme étapes intermédiaires à minima :

-stopper les privatisations voire revenir sur celles réalisées depuis 1986 (A. Badiou – QG), soit un retour à l’État social ;

-extension de la sécurité sociale à l’alimentation.

La crise économique devra nous conduire à resocialiser l’économie.


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La gauche petite-bourgeoise

Classe moyenne ou petite bourgeoisie CPIS (E. Todd), ? Nous parlerons ici de cette classe souvent fantasmée. S’agit-il de se persuader d’y appartenir quand l’on veut se glorifier de ne pas être dans les fanges des classes subalternes, que l’on se sent incapable de parvenir à pénétrer la bourgeoisie. Il vaut mieux faire partie de ce protecteur et gigantesque ventre mou. Mais existe-il vraiment aux vues de la paupérisation, prolétarisation de l’économie ? Intéressons-nous à sa partie au capital culturel élevé qui lorgne vers le sommet de la pyramide sociale.

Ils se vivent comme cool, progressifs. Ils chérissent les sujets de société sur lesquels ils peuvent s’indigner. Ils défendent ainsi toutes les minorités et croient que les intérêts de leurs luttes partielles et sociétales devraient être ceux de l’ensemble de l’humanité. Finalement, changer le mode de production économique et les rapports de classes, d’exploitation qui en découlent, du capital sur le travail, ça, ils s’y intéressent moins. L’ouvrier pour eux est ringard, pas assez progressiste. Alors ils lui font la leçon, l’accusent de tous les mots : racisme, antisémitisme, misogynie, homophobie, transphobie, peut-être de ne pas assez chérir les animaux ou d’écocide que sais-je ? Bref, de ne pas être dans le vent ! Ils ne parlent plus au populo, restent entre eux, en troupeau incestueux pensant peu ou prou la même chose mais s’exagérant leurs nuances afin de se vivre comme rebelles et radicaux.



L’individualisme est ici de rigueur bien sûr, il faut se distinguer et surtout, ne jamais rater le train du progrès, idéologique. Il faut être sûr de bien penser, penser « gentil », quitte à se vautrer dans la niaiserie, synonyme ultime de la bien-pensance. Pour être dans le sens de l’histoire, des idées plus que du changement de la base économique, matérielle, il faut être de toutes les luttes, les mettre en équivalence tout en les articulant. Arrive ainsi le concept d’écoféminisme pouvant se combiner avec bien d’autres luttes vertueuses. Auto-centrée, manquant d’empathie, cette classe voudra bien évidemment que les classes subalternes qu’elle encadre parfois dans le travail soient toutes acquises à ses valeurs comme si elles étaient universelles. Sinon, elle les accusera d’archaïsme tout en s’assurant pour elle-même les vertus de la bonne conscience.



Nous parlons ici d’une partie de ce que Emmanuel Todd qualifiait dans Les luttes de classes en France au 21ème siècle de Masse Centrale Atomisée, soit 50 % de la population française composée pour ce qui nous intéresse ici de « professions intermédiaires » et employés qualifiés (enseignants et leurs enfants). D’après l’auteur, elle est rejointe par le haut par « les jeunes paupérisés de la petite bourgeoisie éduquée ». Il constate une baisse générale du niveau de vie qui touche plus encore cette catégorie sociale.

Sont-ils complices d’avoir abandonné les prolos aux affres de la mondialisation ? Qui ne dit mot, consent ? En essayant de les persuader que c’était pour leur bien, ils viennent maintenant les juger de ne pas être dans le coup, peut-être trop grognards, lorsqu’ils se rebifferont contre cette dite mondialisation. Soit contre la désindustrialisation et l’émiettement des statuts des travailleurs du fait de la mise en concurrence avec les ouvriers du monde entier, le laisser-faire généralisé : libre circulations des hommes, des capitaux et des marchandises avec sont lot de concurrence déloyale (droit du travail, normes environnementales, travailleurs détachés aux cotisations sociales de leurs pays d’origine plus faible sà payer par l’employeur etc.). Pour être juste, peut-être s’agit-il ici du haut de la classe moyenne ou MCA voire de la petite bourgeoisie CPIS (19% – E. Todd) qui légitime et sert les intérêts des 1 % des plus riches. Ils diffusent leur idéologie dans les grands médias des milliardaires. Ils se répandent dans leurs livres auto-centrés qui évitent la question sociale. Et s’ils ne contrôlent pas les moyens de production, ils sont les rouages qui permettent le bon fonctionnement de la propriété de ceux qui les contrôlent. Ils assurent l’ordre inégalitaire.

D’après E. Todd dans Les luttes de classes en France au 21ème siècle, ce sont de « pseudo-dominants », « on y retrouve aussi bien des cadres commerciaux que des enseignants du secondaire ou des clowns », ils ont « 33.000 euros de revenu annuel médian » et il s’agit d’un « monde qui s’effrite sans sa partie jeune ».


Alors comment masquer cette domination ? En focalisant sur le frivole par exemple. En présentant leur libéralisme de mœurs comme l’horizon indépassable de tout être qui se respecte, est dans le coup. En esquivant les problèmes sociaux et économiques. En présentant des effets du capitalisme néolibéral comme des évidences qui ne se discutent donc pas. Et pis encore, en présentant les patrons comme offrant généreusement un emploi, alors qu’il volent la valeur crée par les travailleurs dans le processus de production. Oui mais ils apportent le capital tout de même, ce n’est pas rien, ils sont méritants ! Ah oui, et l’héritage ? Quel mérite il y a à hériter de titres de propriété, d’entreprises, d’argent ? Aucune.

Michel Clouscard écrivait : « tout est permis, mais rien n’est possible » Il critiquait la société de consommation des 30 glorieuses, le « capitalisme de la séduction ». La libération des mœurs, sexuelle notamment, permettait l’expansion du marché. La « culture du narcissisme » (C. Lasch) facilitait la marchandisation de tout jusqu’à l’être humain lui-même. Soyez vous-même, réalisez-vous pleinement, la moindre contrainte doit être bannie et bâtissons une « société » d’individus pour ne pas dire d’égoïstes. Et aux intersections ce ces trajectoires individuelles, de ces atomes, satellites n’étant pas sur la même orbite mais, s’effleurant de temps en temps, se construiraient des relations sociales, y compris amoureuses. Chacun fait ce qu’il veut, l’individu roi, l’enfant roi ne doit pas être contrarié. Cette structuration psychique du Moi en lien avec les structures économiques et l’idéologie les légitimant (« le nouvel esprit du capitalisme » des « managers créatifs »), nous affectent plus que l’on veut bien se le dire parfois. Et surtout il faut être cool et fun, ne pas dire « non » mais esquiver. Cela jusque dans des milieux militants connotés classe moyenne où les gens croient bon de préciser qu’ils proposent quelque chose, qu’ils ne veulent surtout pas imposer. Le tout dans une pacification des rapports militants, notamment dans les assemblées générales, jusqu’à la mollesse, l’inaction, la pensée, la stratégie et l’organisation très faibles car il ne faut contrarier personne. L’inverse serait se vautrer dans la méchanceté la plus crasse !



Les désirs des individus doivent pouvoir s’accomplir, la libido s’assouvir dans la consommation. La première ne se résumant pas à son aspect sexuel. Cette orgie consumériste dans l’accomplissement de soi masquera les rapports de production donc d’exploitation eux très contraignants, brisant corps et âmes, ces mêmes individus « bicéphales » donc : des travailleurs toujours plus pressurisés, on leur demandera une forte productivité, c’est à dire un maximum de rendement en un minimum de temps. La valeur produite, la plus-value, leur sera volée mais surtout une grande partie de leur temps, celui passé au travail. L’autre partie ne sera que la compensation aliénée du labeur subi, du contrat de subordination du salariat ou d’auto-exploitation de l’auto-entrepreneur ou petit patron, du chauffeur ou coursier Uber évoquant le travail à la tâche du 19ème siècle.

L’accumulation du capital est la logique même du système économique qui régit tant notre vie quotidienne. La logique de la concurrence amène les entrepreneurs à réduire leurs coûts pour être compétitifs. Ils intensifient pour cela le travail ou l’allongent, ont recours à de nouvelles machines ou technologies (de nouveaux algorithmes par exemple) ce qui augmente relativement le nombre de travailleurs surnuméraires, sans emploi, permettant de faire pression à la baisse sur les salaires. Si cette logique est poussée à l’extrême, la demande des consommateurs devient alors insuffisante et nous assistons à des crises de surproduction. L’État social (après 1945 en France) était là pour compenser ces déséquilibres en assurant une redistribution de richesses et en sortant des biens communs de la tyrannie du marché. Hors les néolibéraux veulent sa mort et la fin de pandémie pourrait bien être le retour de l’austérité prolongeant la dépression économique actuelle. Ils veulent l’État mais pour la répression engendrée par les troubles sociaux du système économique qui le fait vivre par l’impôt et les taxes, ou plus indirectement par des cotisations.



En plus de la pandémie de Covid-19, la crise économique qui se déploie risque de se faire financière si trop de faillites de TPE/PME arrivent une fois finis les Prêts Garantis par l’État (PGE), reports d’impôt et le chômage partiel maintenant en vie des entreprises zombies et qu’ainsi, les banques aient trop de prêts non remboursés du fait de l’insolvabilité de leurs débiteurs. Autant dire que de nombreux Français risquent de s’appauvrir ! Alors les questions de style du frivole, les différentes luttes sociétales, de minorités, nous paraîtront quelque peu futiles face au désastre économique qui affectera une grande partie d’entre-nous.

Il nous faudra nous unir sur des positions de classes et combattre à la racine le système économique oppressif, transversal, influant sur les autres dominations plus spécifiques. Il nous faudra donc -mot propre à faire s’exclamer de stupeur le petit bourgeois, le militant bon teint- hiérarchiser les luttes : s’occuper en priorité des questions économiques et sociales, en tenant compte de l’écologie et sans discriminations quelles qu’elles soient bien sûr.

Peut-être sera-ce alors le moment de proposer une plus large socialisation de la production (propriété collective pour le bien commun) avec à minima un retour à l’État social, de repenser ce qui nous est futile ou indispensable, d’aller vers une frugalité écologique permettant un plus grand respect du bien-être des travailleurs, de la population.


A lire sur le sujet :


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Les Géométriquement aventures de Marcel Triangle et René Rond
En Gilet Jaune






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Être anticapitaliste oui, mais pour quoi faire ?

Être anticapitaliste ? A quoi bon ? Quel projet derrière ? Quelle stratégie ? Ne faudrait-il pas être pour quelque chose ? Structurer dans la durée plutôt que réagir à l’actualité immédiate ? Nous proposerons, s’il fallait choisir un terme de positivité le moins « sali », celui d’écosocialisme, tout en sachant que le risque de paraître hors-sol, que ça ne « parle pas aux gens », soit très présent lorsque l’on propose une « utopie positive », un horizon de changement de société car de modèle économique et politique, et surtout peut-être culturel.

Qu’est-ce à dire, l’écosocialisme ?

Pourquoi écologique ? Car c’est un impératif : nous ne pouvons pas faire autrement. La rénovation thermique des habitations des plus pauvres est une priorité. Nous devons aussi pouvoir réquisitionner ou exproprier des logements afin de loger tout le monde.

Économique ? Étendre le champs des services publics peut nous permettre de diriger l’économie de façon plus écologique et freiner l’accumulation excessive.

Stopper les privatisations et au contraire revenir à l’État social : de vrais services publics pour le bien commun et non selon des logiques privées de rentabilité pour plus de compétitivité. Mettre hors marché nos besoins essentiels ce qui peut aller jusqu’à l’alimentation. Mais les télécoms, les énergies, la Santé, le logement, les médias, de grandes industries et entreprises monopolistiques ou oligopolistiques peuvent être concernées.

Création de banques publiques d’investissement avec délibération citoyenne quant au fléchage de ceux-ci : notamment pour aller vers un modèle économique plus écologique.



-Dans les entreprises : des caisses d’investissement soit la réappropriation de la plus-value par les travailleurs eux-mêmes. Pour cela il faut un changement législatif et finalement l’expropriation.

Nous avons et aurons encore une croissance cassée : nous sommes en dépression économique. Beaucoup sont « tombés » dans la pauvreté et demandent l’aide alimentaire. Nous devons mieux nous organiser pour répartir la production et sortir des consommations inutiles. C’est à la production que les choses se jouent ! Des décrets et lois pourraient faire que des objets soient considérés comme non-indispensables et limités à la production. Au contraire, d’autres comme dans l’agriculture biologique moins motorisée, en permaculture très productive sur de petits espaces plutôt qu’extensive et surtout, plus nutritive. De plus, il paraît nécessaire de relocaliser la production en ces temps de néolibéralisme finissant : au niveau international il faudra rompre avec le libre-échange, les traités européens (budget, dette publique) etc. En finir avec ces porte-conteneurs nous livrant toutes sortes de camelotes notamment, venues des quatre coins du globe. En finir aussi avec l’obsolescence programmée. Privilégier la réparation et ainsi de nouveau métiers. Bref : la frugalité !



-Culturel ? Une économie du temps libre et non du loisir : pour permettre des réparations domestiques, de faire plus de choses soi-même pour moins dépendre du marché. Ne pas viser l’autonomie totale, nombre d’objets nécessitent toujours une division du travail. Le tout est dans sa limite et de pouvoir choisir collectivement à quoi nous voulons l’y consacrer. Ainsi, un mode de vie plus sobre serait « imposé ». Mais c’est tout un imaginaire de consommation excessive qui sera à rompre. Du consommateur il faudra faire un citoyen qui, travaillant moins, aura plus de temps à consacrer à la politique. Pour cela, il faudra briser l’oligopole médiatique et aider à de vrais médias de service public. Les activités sportives pourront être également importantes dans une logique de pratique hors marché. Ce nouvel imaginaire sera facilité par l’interdiction de la publicité.

Politique ? La nécessité de Maisons Du Peuple (MDP). Dans la phase militante pour le changement de modèle économique et politique, pour que les gens se rencontrent, se coordonnent. Aller vers une société civile à même d’organiser beaucoup de choses sur le terrain. L’État existera sûrement mais devra être réduit plus à un organe de coordination de ce qui remonte de la base et des différents territoires. Si changement de système il y a, ces MDP resteront très importantes pour la vie politique.

Bref, nous sommes à des années-lumières de tout cela, et rien que d’écrire ces lignes nous évoque leur aspect utopiste. Mais nous pouvons apporter certains de ces éléments dans le débat et tenter d’apporter de petites pierres à cet édifice dont nous ne verrons probablement jamais la fin, voire qui risque de s’écrouler en cours de route.


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Révolution française et Gilets Jaunes

Quelques réflexions après la lecture très féconde de La Révolution française et de Les Sans-culottes d’Albert Soboul (PUF). Une histoire « marxiste » : analyse des structures économiques et sociales en lien avec l’analyse politique : rôle de l’État dans la conduite de la révolution par une classe, la bourgeoisie et de 1792 à 1794, une révolution plus démocratique et sociale appuyée sur la petite et moyenne bourgeoisie (jacobins) et les masses paysannes, sans-culotterie (petits patrons et leurs compagnons ; artisans, boutiquiers), intensifiée notamment pour faire face à la guerre intérieure comme extérieure par le gouvernement révolutionnaire de l’été 1793 à l’été 1794 dominé par les jacobins, Robespierre en tête. Pour les Sans-culottes il s’agit plus d’un rapport à la consommation (prix des denrées : grains ; avoir du pain…) qu’à la production : demande d’augmentation salariales.

En bref, la révolution bourgeoise commencée en 1789 détruit les anciens rapports féodaux : abolition des privilèges, redistribution des terres seigneuriales et ecclésiastiques, suppression de la dîme… La nuit du 4 août 1789 abolissait les privilèges mais il fallut attendre le 17 juillet 1793 pour que de fait ceux-ci soient abolis réellement car les terres purent être remises sans dédommagement.



L’insurrection du 10 août 1792 amena l’entrée des masses dans la révolution et submergea le pouvoir girondin (bourgeois, pour le libre marché sans maximum sur les prix des denrées notamment).

Le 29 septembre 1793 les députés de la Convention votent la loi du maximum général qui bloque les salaires et les prix : un exemple d’« économie dirigée » (déjà).

L’auteur date la fin de la révolution au 23 mai 1795 quand le faubourg Saint-Antoine capitule. Ses habitants furent durant le 19ème siècle de toutes les tentatives insurrectionnelles (1848, 1871 etc.).

Ensuite, sous le Directoire puis le Consulat, la révolution s’épura dans son caractère bourgeois. Pour aboutir au 18 Brumaire (9/11/1799), le coup d’État de Bonaparte. Quant à la conjuration des Égaux (1796-1797) de Babeuf, elle fût un dernier sursaut véritablement révolutionnaire et anticipa une conception léniniste de la révolution, via Buonarroti aux alentours de 1830 puis Blanqui (19ème siècle).

In fine, la révolution française aboutit à ce que l’auteur désigne comme une « nation de propriétaires ». Son extension en Europe par les guerres amena la dite « démocratie libérale » et favorisa l’avènement du capitalisme un peu partout en germe.


Comme pour la Commune de Paris, la révolution russe ou la révolution espagnole de 1936 entre autres exemples, il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’élément national, du patriotisme des masses, comme du gouvernement révolutionnaire, dans la conduite de la révolution. Qui plus est, comme dans ces quatre exemples, où le pays est en guerre contre des nations étrangères et civile. N’en déplaise aux « gauchistes », qui souhaiteraient une pureté doctrinaire, c’est à dire uniquement préoccupée de la question sociale, la question nationale s’invite bien souvent dans les révolutions, voire en constitue une « qualité » intrinsèque.
Faut-il rappeler que la nation comme nous l’entendons ici n’est pas synonyme de nationalisme, mais surtout d’une communauté politique civique et non ethnique issue de la révolution française, culturelle (histoire commune, fond religieux, mœurs et coutumes) et souvent linguistique, liée à l’État (le droit) et aux structures économiques et sociales (industries et État social…). Soit une façon de « vivre ensemble », même si l’expression confère aujourd’hui à la niaiserie à force d’être galvaudée : avoir quelque chose en commun outre le fait d’être des consommateurs et monades individualistes.

Pendant la révolution française la république suscitait des espoirs d’émancipation sociale. Tout au long du 19ème siècle, ce que l’on appelait la Sociale était espérée, c’est à dire la république sociale, pour plus de libertés et d’égalité. Le massacre de la Commune par la république d’Adolphe Thiers ainsi que sa compromission avec l’envahisseur prussien discrédita la république quant à sa vocation sociale. De plus, nous n’oublions pas que ce régime politique permit aussi le droit de propriété capitaliste, ses rapports de production et d’exploitation, les guerres et la colonisation.

Toutefois, la troisième république amena quelques avancées, souvent sous la poussée du mouvement ouvrier : l’école primaire gratuite en 1881 (obligatoire en 1882), la légalisation des syndicats en 1884, la loi de 1901 relative au contrat d’association, celle de séparation des Églises et de l’État en 1905, l’impôt sur le revenu en 1914. En 1936 le Front populaire instaura sous la pression de la rue les congés payés, la semaine de 40 heures et les conventions collectives. De 1945 à 1947 il y eut ce que l’on a appelé les fondations de l’État social : sécurité sociale, régime de retraites par répartition, droit de grève pleinement reconnu dans la Constitution, statut de la fonction publique, nationalisations. En 1958 est créé le système national d’assurance chômage. Et caetera : liste non exhaustive…

Tout cela s’accomplit sous la république. Le mot peut donc être pris dans un sens beaucoup plus progressiste pour une large partie de la population et non uniquement pour les propriétaires, la classe dominante et ainsi revêtir un sens bien différent de celui très souvent réactionnaire apporté aujourd’hui, qui vise surtout à exclure et mettre au pas la société.


Quant-à la Patrie ? Défendre la mère Patrie, en situation de guerre avec l’extérieur. Et bien oui, elle est également un invariant historique. Qui de l’œuf ou de la poule entre les guerres et les révolutions ? Verrons-nous plutôt une dialectique dont le lien de cause à effet varie tantôt à l’un, tantôt à l’autre des deux termes, inextricablement mêlés en des boucles de rétroaction ?…

Pour le peuple, les classes populaires, par le passé bien souvent la paysannerie, pendant la révolution française également la Sans-culotterie urbaine dont nous n’avons plus haut qu’esquissé les contours sociologiques, défendre la Patrie c’est défendre sa terre, son atelier ou sa boutique, bref, ses moyens de subsistance. Essentiellement donc : la terre nourricière, au propre comme au figuré. En résumer, il s’agit d’une nécessité.

Alors pourquoi ces sermonneurs qui tiquent en manifestation à l’apparition du moindre drapeau français sans voir ce qu’il peut contenir symboliquement comme histoire populaire ? Des gauchistes ? Des autonomes ? Des anarchistes ? Difficile de les définir, mais le peuvent-ils eux-mêmes ? Peut-être y parviendront-ils sous le concept vague et à la mode d’anarchisme ? Soit. Que voyons-nous ? Des gens coupés du peuple et qui, lorsque ses acteurs ne correspondent pas à leur catégories idéales, les renient ! Changez de peuple, si celui-ci ne vous convient pas ! Ou alors pourrez-vous l’esquisser doctement sur tableau noir, ou à partir d’une page blanche ?

Sans mémoire du mouvement ouvrier, de toute la tradition – mot honni par la bonne conscience de gôche – révolutionnaire française et internationale, nous serons sans cesse condamnés à revoir nos copies, à partir de rien, chaque fois repartir plus ou moins de zéro et souhaitant que nos catégories idéales se concrétisent dans la réalité.


Lors du début du mouvement des Gilets Jaunes le 17 novembre 2018 le parallèle avec les Sans-culottes de la Grande Révolution fut fait… Peut-être devrions-nous voir surtout une analogie avec la période de l’An II qui marqua l’apogée du mouvement populaire, ou du moins de la période de l’été 1792 à l’été 1794.

Dans les GJ il y avait bon nombre de petits patrons, indépendants, artisans, auto-entrepreneurs. Un peu comme les Sans-culottes qui militaient parfois avec leurs « employeurs » (compagnons avec leurs maîtres), des GJ le firent avec leurs petits patrons… Ce qui n’était pas sans entraîner un défaut d’unité donc de conscience de classe. Mais la réalité s’imposait à nous et ce n’était plus les bastions du mouvement ouvrier qui se mobilisaient pour d’habituelles hausses de salaires sous les bannières syndicales, mais bien une masse hétérogène pour son pouvoir d’achat, contre une taxation abusive et plus de démocratie, en un mot pour sa subsistance.

Pour revenir à Albert Soboul et à son analyse de la révolution française (Les Sans-culottes), rappelons que celui-ci voyait parmi les Sans-culottes des revendications confuses mais unies contre « les gros », les « accapareurs » (la grande bourgeoisie commerciale), l’aristocratie et l’Église afin d’assurer leur subsistance : la taxation des denrées, une limitation des prix… Un Nous se construisait tant bien que mal en opposition à un Eux. « Le militant Sans-culotte vit en groupe et agit en masse » nous dit l’auteur.

Il y avait « deux conceptions du régime représentatif, l’une populaire, l’autre bourgeoise » ajoute t-il. Les Sans-culottes pratiquaient une démocratie directe dans les sections parisiennes à l’intérieur des comités civils, des comités révolutionnaires, des assemblées générales de section, des sociétés populaires. Ils s’opposaient bien souvent même au gouvernement révolutionnaire, à la centralisation. Le même genre de volonté d’auto-gouvernement voire d’auto-administration, décentralisées, se firent jour lors de la Commune de Paris de 1871 mais également lors du mouvement des Gilets Jaunes, plus particulièrement avec la branche participant aux Assemblées Des Assemblées. Également, le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) demandé par les Gilets Jaunes, notamment pour révoquer et donc contrôler les élus n’est pas une nouveauté historique : déjà les Sans Culottes exerçaient, surtout dans les Sections parisiennes un contrôle et une révocabilité des élus ainsi que des hauts fonctionnaires. Ils exerçaient de fait aussi une pression sur la Convention, le pouvoir législatif ainsi que sur le Gouvernement révolutionnaire. Les lois des comités issus de ce dernier n’étaient parfois pas appliquées par les Sans-culottes.



Sociologiquement, ils comptaient parmi eux beaucoup d’indigents mais aussi ce que l’on nommerait aujourd’hui une petite bourgeoisie culturelle : lettrés, artistes, fonctionnaires, avocats… Bref, une composition sociale trop hétérogène et diffuse, avec bien souvent des antagonismes économiques que la défense de la Patrie et de la République masquaient… jusqu’à la chute de Robespierre le 9 Thermidor (27/07/1794) et la réaction thermidorienne marquant le retour sans frein de la bourgeoisie au pouvoir d’État, mettant pour longtemps à l’écart le bas peuple des destinées de la nation.

Ces exemples révolutionnaires historiques doivent nous rappeler que les idées sont souvent confuses et que subsistent des divisions entre groupes sociaux malgré des éléments apparents d’unité.

Si un avenir révolutionnaire il y a, il ne pourra que se faire à partir de compromis de classes, d’alliances plus ou moins larges contenant des intérêts divers, parfois de circonstances, qui il est à craindre, peuvent se révéler antagonistes à la moindre péripétie. S’allier à la petite bourgeoisie ? Évidemment, le risque étant que se servant des classes subalternes et ayant obtenu satisfaction, elle s’en détourne voire de nouveau, devienne un agent de son asservissement.

E.P. Thompson, l’historien britannique, écrivait à propos de Thomas Paine et du jacobinisme anglais :

« En introduisant la nation dans le débat, il mettait nécessairement en mouvement des forces qu’il ne pouvait ni contrôler ni prévoir. Et c’est cela la démocratie. »

Il en sera de même pour nous si révolution ou un large mouvement de masses il y a. Nous ne pourrons nous contenter, par définition, d’un groupe, minoritaire, radical et de gens plus ou moins d’accord entre eux. Il nous faudra sortir du narcissisme de la différence, de la propension militante à s’exagérer les désaccords, sortir de l’individualisme très prégnant même chez les militants pour voir plus large, quitte à perdre en pureté idéologique et radicale. Mais c’est à ce prix que se produisent les grands bouleversements historiques.

Qui plus est, toujours en rapport à l’histoire, l’autonomie locale des groupes militants ne doit pas nous faire oublier qu’un espace et une instance de coordination sont nécessaires, sauf à perpétuer des assauts désordonnés, chacun dans notre coin, les uns après les autres, sans stratégie d’action commune.


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Du beau du câlin du pangolin, notre rubrique Arts et douceur

LOGO Pangolin 2 détouré

Poe aime

Condamnés à décrépir

On a beau se réveiller,

D’hivers peinards,

La douleur est toujours là.

Ou on ne l’entend pas.

Comme des fois ils viennent marteler

Comme la dingue nous empoisonner

L’esprit, jusqu’en nos os rongés.

A force d’inaction nos corps se rétrécissent.

Sur le divan de mon ordinateur

Je ne suis plus qu’une excroissance d’humanité,

Toute reliée au dieu Silicium.

De mes étrennes,

Rien de nouveau

Le fond de l’air est brun

Depuis que… depuis quand déjà ?

Personne pour s’en rappeler,

Car petit à petit, indolore,

Sans crier gare, nos libertés s’en sont allées.



Cinéma gris

Je déguerpirai, bientôt, à tire-d’aile.

Quand le prochain printemps nous nous réveillerons,

L’au-delà sera sur terre.

Plus un oiseau pour piailler.

Des effluves de soleil vert à nos oreilles,

Nous irons, stupeur oblige,

Ramasser nos âmes mortes au supermarché du coin.

Celui-ci aussi,

Est abandonné.

Les chauffards ont tout pillé.

Puis ils s’en sont allés,

Rouvrir d’anciennes carrières

De briques vêtus ont paradé

Aux orgues de la gôche sortant des beaux quartiers.

Dans ce monde en ruine il n’y a plus rien.

Le classe ouvrière se survit

Demi-enterrée par celles et ceux

Puisqu’il faut ainsi parler

Qui ne la connaissaient que par ouïe-dire

De leur dernier dîner en ville.

Enfants mal nés, dehors, pullulent

Les lumpen, les lèvres pendantes

La faim au creux du ventre.

Nous revoici au temps béni

Pour les richards, de l’accumulation forcée.

À force de nous éventrer,

Dans nos viscères, plus rien non plus,

Qui ne se garde, se répare, qui consent périt.

Il reste aux souvenirs anciens,

Les temps heureux, quelques vieux tubes,

Crépitant des films anciens.

Notre modernité est bien terne,

Les temps sont gris,

Le ciel est gris

Le lexique s’appauvrit.

Ils nous ont volé les mots

Pour dire notre malheur.

Ça aussi, ils les ont détourné.

Comme les fleurs, la terre, les champs et les rivières,

Ils ont tout brûlé : « après moi, plus rien ne vivra. »

Maintenant, nous ne savons plus semer, ignares.

Il ne nous reste que le chagrin

Et d’attendre la fin,

Heureuse, comme chez Harlequin.

Mais l’eau de rose grisonne.



Politique aïe

Des grises aventures

Pour les lendemains qui chantent

Les petits matins blêmes.

De crève-cœur, pas de sitôt

Le charnier de la Commune

Et tous les ouvriers

Ouvre les veines,

De courrier, du cœur,

Et rien que nos oublis

Nous triturent la couenne.

Nous sommes pensés, oubliés, puis jetés.

Rien ne vaut la peine de courir,

Il faut souffrir à point.

Nous regardons nos bras aux ecchymoses jaunies,

D’avoir trop vite compris

Que nous ne serions plus comme avant.

Tels des automates errant le long des plaines

D’Eurasia, à la conquête

De quelque met.

Les morts-vivants qui redonneront

Leur perfusion, marchant

Sous oxygène, suffoquent

Regardent par dehors

L’eau qui ruisselle.

Regarde les trains passer

Crie une vache, une « mort-aux-vaches ».

Elle ne croit pas si bien dire.

Les lucarnes sont au vert.

On peut voir passer l’express de 20h.

Il est désormais bien seul.

L’information circule le long des voies lactées

Sans les honnêtes gens,

Partis depuis longtemps.

Ici ne restent plus que les crevures

Qui innervent la terre,

S’entre-tuent.

Au loin quelque havre de paix

Sous haute volée.

Des miradors nous scrutent

Quelques gardes du corps.

Drôle de guerre !

Nos chefs ont déserté :

A notre tour nous avons fui.

Depuis nous les cherchons

Nous ne savons si nous pourrons

Sans eux nous sevrer.

La poule aux yeux mouillés

Nous manque déjà.

Elle avait feint l’ignorance

Nous abandonnant à notre sort.

Nous ne croyons plus guère

Nous laissons crever de faim.

Certains avaient bien essayé

De prendre en main cette triste armée.

Mais habitués à n’obéir qu’à nous-mêmes

Ils avaient fait fausse route

Chacun traçant son propre chemin.

Concentriques nous nous croisions,

A peine le temps de nous sourire

Que déjà il fallait nous refermer en notre propre cellule.

Nous nous l’étions bâtie de nos mains,

De bois, vernis,

Nous nous étions construit notre radeau

Ronflant fort mais virevoltant

Au moindre gué, à la moindre branche flottante.

Les vents nous porteraient vers des sources inconnues.

Nous préférions mourir de soif

Que de sauter vers l’inconnu.

Comme les révolutions,

Les hommes courent à nu.

Souris, frère humain, ma sœur,

Il n’y aura pas plus de jours heureux

Que de lendemains.

La bourgeoisie préférera couler tout le navire

Plutôt que de nous laisser le gouvernail.

Gardant le cap nous menant dans un terrible mur

Dressé en plein milieu de l’océan raviné,

Solidement harnaché à la barre,

Un homme de paille.

Un politicien.


Extinction



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www.giletsjaunesbrest.com


Merci à vous qui êtes arrivés jusque là !
En espérant que l’on ne vous aura pas fait trop mal aux cheveux. N’hésitez pas à nous contacter pour quoi que ce soit et plus que jamais par ces temps difficiles, entraidons-nous, ne laissons pas les puissants dicter nos vies, soyons fiers de ce que nous sommes et avons fait pour combattre cet ordre inique. Continuons à nous organiser pour le mettre à bas !
Ahou, voilà qui est dit, portez-vous bien !


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3 commentaires

  1. […] mais parlaient plus volontiers de « gros » contre les « petits ». Albert Soboul, dans son livre Les Sans-culottes, évoquait ce même vocabulaire dans la bouche de ce…, ce qu’amènera plus tard le mouvement ouvrier et socialiste, notamment le marxisme. Autant dire […]

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