Revue de presse au 09/05/2022

L’armée des ombres



Édito

CUILLANDRE : LA GAUCHE, VRAIMENT ?

« le deal négocié dans la douleur à gauche, à Paris, « nous amène dans le mur », tonne François Cuillandre. « Je n’ai pas adhéré au PS il y a si longtemps pour assister à ça », s’émeut celui qui emboîte le pas de la frondeuse Carole Delga, en Occitanie. »

« Ô mon dieu, une possibilité de changer la vie de millions de personnes par des mesures immédiates d’urgence sociale et écologique en cas de victoire de la NUPES aux élections législatives de juin prochain (les 12 et 19), il ne faut surtout pas saisir cette chance », semble s’écrier le baron local ! Il faut dire que lui vit bien. Pas de problème pour boucler ses fins de mois !

Et qu’est-ce qu’il ne faut pas dire pour garder sa place ? Mais cela permet au moins de clarifier les choses. Il existe une vraie gauche en France, prête à changer la vie des gens :

  • blocage des prix
  • SMIC à 1400 euros net
  • garantie d’autonomie pour chaque jeune (mais aussi complétant tous les revenus pour atteindre le seuil de pauvreté à 1063 €)
  • retraite à 60 ans
  • une fiscalité qui prend aux riches pour donner aux plus pauvres
  • rétablissement de l’ISF
  • RIC

Ce n’est donc pas celle de François Cuillandre et autres éléphants (apparatchiks) du parti socialiste, tous ceux qui ne renient en rien le quinquennat antisocial de François Hollande : Loi Travail (dérégulations du droit du travail), le CICE (des baisses de charges aux entreprises sans obligation d’embaucher), lois d’exceptions antiterroristes (proposition de déchéance de nationalité) et des expulsions d’immigrés. Ceux qui ont sali le mot même de « gauche » et finissent bien souvent chez leur créature Macron. Voyez Manuel Valls…

« Et on nous demande d’aller coller des affiches pour la France Insoumise ? J’ai un peu de fierté ! », boucle François Cuillandre.

Nous qui collons des affiches à foison depuis 2018, nous ne verrons donc pas ce bon vieux François en pleine nuit, le pinceau à la main, débordant de cette fougue militante quasi-juvénile qu’on lui connaît. Dommage. Au passage, merci pour les amendes François… Mais toi tu ne colles toujours que là où il faut, tu es un garçon bien élevé.

Nous proposons au budget participatif (citoyen probablement, ça fait toujours bien de rajouter « citoyen ») de la ville de Brest : la construction d’un grand cimetière… des éléphants.

Allez, à bientôt sur les barricades camarade François et vive la Commune hein !


National


Législatives


NUPES



À noter que contrairement à ce qui est indiqué sur la carte, la 3ème circonscription du Finistère (Brest Rural) restera à un candidat LFI.


Le point de vue de Stefano Palombarini sur la convention de la NUPES

Impressions contrastées sur la convention #Nupes.

Pour certains, ce qui se passe est vraiment un moment fondateur: les vieux appareils politiques sont dépassés, il faut bâtir du nouveau. Pour d’autres, c’est juste un accord électoral pour limiter les dégâts.

Impression nette que Faure est dans le premier cas. Peut-être que jouer le médiateur avec Delga et autres éléphants a fini par le fatiguer. Mais la majorité PS qui a approuvé l’accord est-elle sur la même ligne ?

Le cas opposé est celui de Roussel, et cela se comprend. Toute la stratégie PCF depuis 5 ans a eu pour objectif de sauver une « identite » communiste menacée. On sait ce que cela a donné (une cata), mais passer de l’affirmation de l’identité communiste à un processus de refondation commune ne se fait pas si vite

EELV, comme d’habitude c’est un mystère pour moi. Hier Bayou a fait le job, mais bon. Rousseau sans doute plus enthousiaste, Jadot disparu.

Il reste LFI, qui pour l’instant laisse ouverte les deux perspectives. Pour ce que je comprends de JLM, et de son discours de hier, il a sans doute l’envie que ce passage constitue vraiment le début d’une histoire nouvelle. Mais d’une part, il sait les hésitations du PS, du PCF et de EELV : d’où sans doute la garantie de groupes autonomes dans la prochaine AN.

D’autre part, le début d’un vrai processus de refondation de la gauche, qui intégrerait évidemment un rapport de force totalement favorable à la gauche de rupture, demanderait aussi de remettre en jeu les mécanismes de fonctionnement de LFI (c’est resté un peu au second plan hier, mais dans les discours de Bayou et Faure il y avait des renvois un peu polémiques au fait que chez eux « on vote » sur les décisions qui sont prises, et on pourrait interpréter ces renvois comme des conditions posées à un processus de refondation – en gros, de leur point de vue : si on veut y aller, ça ne peut pas fonctionner comme chez LFI). Donc pour résumer : simple accord électoral ou début d’une nouvelle histoire ? Beaucoup d’incertitudes pour l’instant (sauf pour le PCF, qui n’a aucune envie d’aller plus loin).



Le point sur la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (sur les négociations qui se sont déroulées) :


« La présence de Taha Bouhafs à l’assemblée nationale le mois prochain, mais également celle de Rachel Keke (femme de chambre qui a mené, avec ses collègues, le mouvement victorieux à l’ibis Batignoles auquel Taha Bouhafs consacre les deux derniers chapitres de son livre), de Stephane Ravacley (boulanger de Besançon, gréviste de la faim pour empêcher, avec succès, son apprenti d’être expulsé du territoire), lève un grand espoir. Ils sont nos frères, soeurs, pères, et mères, ils sont nos amis. Défendre Taha, c’est défendre cet espoir-là. »


Analyse (du vote du 1er à la Présidentielle)


« le titre du livre-programme du candidat en 2017 n’était rien de moins que Révolution, et il traduisait bien le néolibéralisme décomplexé affiché par son auteur […]. Ce radicalisme néolibéral (que certains ont nommé « extrême-centre ») n’est donc « centriste » qu’au sens où il matérialise la convergence entre la social-démocratie convertie au néolibéralisme et la droite libérale, le fameux « en même temps », « et de droite et de gauche », pour citer les formules étendard de son chef de file. Pour le dire autrement, l’unification sur le plan politique du bloc bourgeois suppose le dépassement du clivage droite classique/gauche de gouvernement à travers la constitution d’une force « centrale » soudée autour de la poursuite des « réformes » néolibérales et de l’« intégration européenne ».

« La dimension sociologique de cette dynamique électorale a été largement commentée. D’un point de vue socio-spatial, les zones de force du candidat de l’Union populaire se situent dans les grands centres urbains et leurs proches banlieues, les « quartiers populaires », c’est-à-dire les banlieues à forte composante de populations racisées, les outre-mer et l’électorat jeune (plutôt diplômé ou en cours d’études) qui réside dans les aires mentionnées précédemment. Les femmes y sont légèrement plus nombreuses que les hommes (23% contre 21%)[5]. Cet électorat est « interclassiste », au sens où les écarts entre les principales catégories sociales qui le soutiennent sont limités, mais avec un biais en faveur des classes populaires. Les scores varient entre 21% (chez les « cadres et professions intellectuelles supérieures », qui incluent les enseignants du secondaire), 27% (chez les ouvriers) et 30% chez les chômeurs. Mélenchon arrive en tête de tous les candidats parmi les personnes ayant un revenu mensuel inférieur à 900 euros (34%, Le Pen en 2e position avec 26%) et talonne la candidate d’extrême-droite dans la tranche au revenu entre 900 et 1300 euros (25% contre 28%). À l’inverse, la propension au vote Mélenchon diminue drastiquement dans les tranches supérieures (14% pour celle de 2500 euros et plus, soit l’équivalent du salaire d’un professeur certifié du secondaire en fin de carrière) et, davantage encore, dans les quartiers bourgeois des grandes agglomérations (9% à Paris 16e, 5,5% à Neuilly). Du point de vue du niveau de diplôme, il atteint son meilleur résultat parmi les détenteurs d’un bac (25%), suivi par ceux d’un bac+2/3 (23%), puis par ceux d’un bac+4 et + (20%) à quasi-égalité avec les titulaires d’un diplôme inférieur au bac (19%). »

« Plusieurs études ont montré qu’il serait erroné de postuler des relations univoques entre la propension au vote d’extrême-droite et la distance des aires urbaines, ou entre ce vote et l’accession à la propriété (donc au salariat stable) ou, à l’inverse, entre vote et précarisation[18]. Même si certaines de ces corrélations peuvent se révéler partiellement pertinentes, un travail fin de contextualisation est nécessaire, qui fait appel à d’autres variables : les modes de socialisation locaux (et/ou leur délitement), les traditions politiques du territoire, la présence (et le positionnement politique) d’autres catégories sociales et de personnes issues de l’immigration, l’état du tissu économique, la structure démographique et les stratégies scolaires. Le tableau d’ensemble laisse cependant apercevoir des figures récurrentes : angoisse et/ou réalité du déclassement, relégation et sentiment d’abandon, en particulier dans les aires économiquement sinistrées, concurrence exacerbée sur le marché du travail où l’absence de diplômes favorise une vision compensatrice racialisée de l’appartenance nationale – mais aussi effets de la mise sous tension d’un salariat à première vue stabilisé et/ou d’une ascension sociale bloquée ou fragilisée. »

« le candidat de l’Union populaire progresse dans les communes de toutes les tranches supérieures à 10 000 habitants, mais bien davantage dans les plus grandes : + 8% dans celles de plus de 100 000 habitants, +7% dans celles entre 50 et 100 000, +4,1% dans celles entre 20 et 30 000 et +2% dans celles entre 10 et 20 000. Il stagne dans celles entre 5 et 10 000 (+0,1%) et recule dans celles entre 3500 et 5000 (-0,4%), ainsi que dans celles entre 1000 et 3500 (-0,9%) et davantage encore dans celles de moins de 1000 habitants (-1,1%). L’écart entre les tranches situées aux deux extrémités du classement est passé de 1 :1,35 en 2017 à 1 :1,94 en 2022. De ce fait, Mélenchon est en tête dans les trois tranches des communes supérieures à 30 000 habitants mais en 3e position seulement dans l’ensemble des tranches de communes de moins de 20 000 habitants.

La comparaison avec le vote Le Pen est particulièrement éclairante. Celui-ci apparaît en effet comme un reflet inversé presque exact du vote pour le candidat de l’Union populaire : dans les communes de plus de 100 000 habitants, Le Pen n’obtient qu’un peu plus du tiers du vote Mélenchon (12,1% contre 31,1%) mais ses scores progressent de façon tout à fait linéaire au fur et à mesure que la taille des communes décroît, pour atteindre presque le double des scores du candidat de la gauche radicale dans celles de la catégorie inférieure. Le vote Le Pen s’élève ainsi à 26,7% dans les communes entre 3500 et 5000 habitants et 30% dans celles de moins de 1000 habitants. »

« Le vote Mélenchon progresse entre 2017 et 2022 dans les catégories « ouvriers » et « employés », en passant, respectivement, de 25% à 27% et de 24% à 25%. Le total gauche atteint dans ces catégories 33% et 36% (34% et 32% respectivement en 2017). Mais c’est une progression modeste, moindre que celle enregistrée dans les autres catégories sociales (cadres et professions intellectuelles supérieures +4%, artisans-commerçants +4%), et elle est contrebalancée par un recul dans le salariat intermédiaire (64%), dans lequel les autres candidats de gauche réalisent leur meilleur total (16%, dont la moitié pour le candidat écologiste).

Dans les catégories les plus populaires, l’avantage reste ainsi clairement à l’extrême-droite : Le Pen obtient 35% du vote des ouvriers, 33% de celui des employés, reculant (par rapport à 2017) de 4% chez les premiers et progressant de trois points parmi les seconds, à l’image de sa progression d’ensemble dans l’électorat féminin (77% des employés sont des femmes[21]). En ajoutant les scores des autres candidats d’extrême-droite (Nicolas Dupont-Aignan et Eric Zemmour), on obtient un total de 44% dans la catégorie « ouvriers » et 42% dans la catégorie « employés » (respectivement 42% % et 35% en 2017). »

« Il y a une indéniable « coloration ouvrière » du vote lepéniste, qui n’est que partiellement contrebalancée par un tropisme de gauche des catégories populaires dans les grandes aires urbaines.

Les raisons de ce décalage, ou, plus exactement, de la faiblesse de la progression de la gauche dans son ensemble, et plus spécifiquement de son pôle radical (le seul à disposer d’un réel ancrage), au sein du salariat d’exécution sont multiples. Elles renvoient à des tendances lourdes, qui se sont déployées pendant plusieurs décennies et rendent compte du basculement vers l’extrême-droite (et vers l’abstention) d’une partie importante des classes populaires, et de l’électorat ouvrier en particulier : effondrement des organisations politiques de la gauche, recul du syndicalisme, logiques de polarisation spatiale, redéploiement du tissu productif et atomisation des collectifs de travail, puissants effets de fragmentation induits par la discrimination raciale, l’accès différencié à la propriété, aux diplômes, à la mobilité. Les contrecarrer demande assurément davantage qu’une campagne électorale réussie : c’est tout un maillage qui est à reconstruire, donc des formes d’organisation et de socialisation, un « sens commun » unificateur des classes populaires qu’il s’agit de réinventer. »

« Tirant les leçons de l’expérience grecque, la France insoumise a élaboré dès 2017 une réponse centrée sur la notion de désobéissance aux traités. Elle considère que « certaines règles européennes sont aujourd’hui incompatibles avec la mise en œuvre de notre du programme »[26]. Et non des moindres, comme l’indique la longue liste qui suit : traités de libre-échange en contradiction avec le protectionnisme écologique revendiqué, impossibilité de reconstituer des monopoles publics dans les secteurs clé (transports et énergie en particulier), libre circulation des capitaux, politique agricole commune productiviste, directives de mise en concurrence des travailleurs, enfermement dans l’OTAN, statut de la BCE qui interdisent un financement direct de la dette publique. »


Article contenant des éléments intéressants sur la forme « parti » :


Fachos




🔴 AVANT D’ASSASSINER LE RUGBYMAN ARAMBURU, LES NÉO-NAZIS ONT PASSÉ LA SOIRÉE AVEC UN POLICIER 🔴

– Les tireurs étaient pourtant interdits de paraît à Paris. Des sigles de la police nationale retrouvés chez le tueur d’extrême droite –

C’est une affaire d’État. Probablement l’une des plus graves et les plus inquiétantes des 5 dernières années. Pourtant, quasiment aucun média national n’en parle. La classe politique fait comme si cela n’avait même pas eu lieu. Les rares informations émanent de la presse sportive spécialisée.

Dans les derniers jours de la campagne présidentielle, le 19 mars dernier, deux néo-nazis agressent un homme, non-blanc, qui leur demande une cigarette. Les injures racistes fusent. Un rugbyman argentin célèbre, à la carrière internationale, s’interpose : Federico Martín Aramburú. Avec son ami, ils sont roués de coups par les néo-nazis. Le plus violent, Loïk Le Priol, ancien du GUD – groupuscule violent d’inspiration fasciste –, déjà poursuivi pour des actes de torture, exhibe un brassard de police.

L’altercation ne s’arrête pas là. Les néo-nazis reviennent armés, dans une jeep. Loïk Le Priol abat de plusieurs balles dans le dos Federico Martín Aramburú. Le père de famille meurt peu après. Assassiné par balle, en plein Paris, pour avoir réagi à une agression raciste. Ces faits, à eux seuls, auraient du provoquer un séisme politique. Il n’en est rien.

Les informations qui continuent de tomber montrent que l’affaire est encore plus sombre. Plusieurs jours plus tard, le tueur est arrêté, non pas par la police française, mais à la frontière ukrainienne où il s’apprêtait à rejoindre le front. Chez son complice, les enquêteurs retrouvent un buste d’Hitler et plusieurs armes. De quelles complicités ont-t-il bénéficié ? Comment le tireur a pu parcourir ces milliers de kilomètres après avoir exécuté un homme au cœur de Paris ?

À présent, le journal spécialisé dans le monde du rugby explique qu’au «domicile de Loïk Le Priol, des effets siglés Police, entre autres, ont été retrouvés.» Encore plus fou : «un policier de la DRPJ (direction régionale de la police judiciaire) aurait passé une partie de la soirée avec Le Priol et Bouvier, avant l’altercation puis les coups de feu.» Les complicités entre police et criminels d’extrême droite sont donc avérées, et cela ne sort que maintenant, des semaines après les faits, de façon confidentielle.

Deux néo-nazis ultra-violents, poursuivis pour des actes criminels, se promènent armés à Paris – alors qu’ils sont sous contrôle judiciaire et interdits d’aller dans la capitale –, ils passent la soirée avec un gradé de la police, avant d’assassiner un homme par balles. Relisez cette phrase. Mesurez en la gravité. Et interrogez vous sur le fait que la totalité des médias nationaux ont organisé une omerta sur cette affaire. Ça se passe en France, en 2022.

Source : https://www.quinzemondial.com/…/mort-de-federico…


Médias des milliardaires


« Un tel achat pourrait en effet avoir des implications politiques quasi immédiates, parmi lesquelles le retour de Donald Trump sur la plateforme – où il était suivi par près de 89 millions de personnes avant les primaires républicaines de l’année prochaine. Alors que les sondages suggèrent déjà que Trump pourrait battre à la fois Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris dans un éventuel face-à-face en 2024, son retour sur Twitter augmenterait considérablement ses chances de réélection. Musk a d’ailleurs fait allusion au retour de Trump sur la plateforme, en déclarant qu’il aimerait que l’entreprise soit très « réticente à supprimer des contenus […] et très prudente avec les interdictions permanentes. Les suspensions temporaires de compte sont, d’après lui, préférables aux interdictions permanentes. » »

« Les années 2020 vont être le théâtre d’une lutte pour la survie des démocraties libérales face à des concentrations de richesses toujours plus indécentes, qui n’ont rien de démocratiques. Or, ceux qui prônent une redistribution radicale des richesses vont se trouver face à la puissance de feu des milliardaires et de leurs médias, qui vont tout mettre en œuvre pour les censurer et les caricaturer. Plus que jamais, de nouveaux médias, indépendants des pouvoirs de l’argent, sont nécessaires pour construire une société alternative à la ploutocratie actuelle. »


International


Très intéressante analyse de la stratégie américaine dans la guerre en Ukraine et vis à vis de la Russie.
QUELQUES EXTRAITS QUI RÉSUMENT :

« Vladimir Poutine est entièrement responsable de la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine et devra répondre d’accusations de crimes de guerre. »

« Les efforts américains ont achevé de convaincre le Kremlin que l’objectif de Washington était de « préparer le terrain pour un renversement du régime en Russie », a averti un rapport du renseignement américain daté de 2017. En janvier 2020, lors de l’ouverture du procès en destitution de Donald Trump, le démocrate et président du jury Adam Schiff déclarait au Congrès : « Les États-Unis arment l’Ukraine et aident son peuple afin que l’on puisse combattre la Russie en Ukraine et qu’on n’ait pas à le faire ici [à Washington]. » »

« Malgré les demandes russes pour une désescalade, Washington a poursuivi sa guerre de procuration avec la Russie en Ukraine. Le 10 novembre 2021, un accord officiel est signé par Anthony Blinken et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba, dans lequel les États-Unis explicitent leur position et s’engagent, entre autres, à défendre l’Ukraine contre la Russie ; lui fournir armes, experts et entrainement ; accélérer ses capacités d’interopérabilité avec les forces de l’OTAN via des transferts technologiques et des manœuvres militaires régulières et mettre en place une coopération renforcée dans les domaines du renseignement et de la cybersécurité. L’accord reprend les termes détaillés lors d’un communiqué joint publié le 1er septembre, officialisant une ligne politique qualifiée par le très conservateur The American conservative de « potentiellement très dangereuse ».

Pourtant, la Maison-Blanche avait affirmé à Zelensky que « L’Ukraine ne rentrera pas dans l’OTAN, mais publiquement, nous gardons la porte ouverte » comme l’a récemment expliqué le président ukrainien sur CNN. Les Américains ont donc joué un double jeu : face aux Russes, ils ont refusé d’acter le fait que l’Ukraine ne serait pas intégrée à l’OTAN, tout en multipliant les actes indiquant que cette adhésion était imminente. Mais face à Zelensky, ils ont reconnu que ce projet n’avait aucune chance d’aboutir. »

« La position officielle des États-Unis a été explicitée par le Conseiller spécial à la sécurité Jake Sullivan, lors d’une interview à la chaîne NBC le 10 avril dernier : « Ce que nous voulons, c’est une Ukraine libre et indépendante, une Russie affaiblie et isolée et un Occident plus fort, uni et déterminé. Nous pensons que ces trois objectifs sont atteignables et à notre portée. » »

« De fait, les États-Unis refusent d’offrir une porte de sortie au régime de Poutine – le contraignant à choisir entre le prolongement de la guerre quoi qu’il en coûte ou la prison à perpétuité ! »

« Les voix qui s’élèvent contre la stratégie de Joe Biden sont rares outre-Atlantique. Le débat se limite presque exclusivement à la question du degré d’engagement des États-Unis en Ukraine. La presse et des dizaines d’éditorialistes payés par l’industrie de l’armement ont exigé l’instauration d’une no fly zone – même si cela devait provoquer un conflit nucléaire. »

« Les États-Unis ont refusé de signer la convention de Genève sur les armes chimiques et les bombes à sous-munition. Ils en ont fait usage contre les populations civiles en Irak. Washington ne reconnait pas le tribunal international de La Haye. Le Congrès a même signé une loi autorisant l’invasion des Pays-Bas si des ressortissants américains étaient forcés de comparaître devant cette juridiction. Comme les Russes, l’armée américaine a délibérément ciblés des bâtiments civils. »

« Avant le début du conflit, l’Ukraine était déjà un régime considéré comme corrompu et autoritaire, accueillant la principale plaque tournante du trafic d’armes international. »

« la stratégie américaine présente un risque d’escalade du conflit en Europe. Soit en acculant la Russie à recourir à des armes ou stratégie plus violentes, ou par simple engrenage militaire sur les théâtres d’opérations. Des perspectives qui inquiètent les experts du risque nucléaire, et des stratèges européens. »

« Les États-Unis ont joué un rôle déterminant dans le succès militaire ukrainien, dès les premières heures du conflit. Il est désormais question de livrer des armes plus perfectionnées à l’Ukraine, potentiellement pour porter le combat sur le territoire russe, comme l’a reconnu le ministre de la Défense britannique à la BBC. Cela s’ajoute aux déploiements de forces spéciales occidentales en Ukraine, au partage des informations brutes obtenues en temps réel par les services de renseignement et à la formation de soldats ukrainiens en Pologne et en Allemagne. Des efforts remarquablement efficaces sur le front, mais qui risquent de compliquer un futur accord de paix. »

« Après avoir demandé 33 milliards de dollars de plus au Congrès américain pour soutenir l’Ukraine, Joe Biden va proposer un texte de loi visant à attirer les meilleurs scientifiques russes sur le sol américain. »

« Quid de ceux qui espèrent profiter de cette invasion injustifiable pour se débarrasser de Vladimir Poutine ? Joe Biden lui-même a expliqué que cela prendrait du temps – au moins un an. Des milliers de vies ukrainiennes en feraient les frais, et la hausse des prix des matières premières frapperait plus durement encore les populations qui y sont exposées à travers le globe. Tout cela pour poursuivre un but – le changement de régime – dont l’histoire macabre reste à écrire de manière exhaustive. De telles opérations ont-elles jamais abouti à autre chose que la mise en place d’un État failli ? La perspective d’une nouvelle Libye ou d’un nouvel Afghanistan, mais avec 6 000 ogives nucléaires et des dizaines de missiles hypersoniques, n’a pas vraiment de quoi rassurer. »



Analyse


« Saito identifie trois usages du mot « métabolisme » dans les textes de Marx à partir des Grundrisse : ce terme peut renvoyer, soit au métabolisme naturel, c’est-à-dire à l’échange de matière entre un organisme quelconque et son environnement, que Marx nomme généralement « métabolisme universel de la nature » ; soit au métabolisme social, c’est-à-dire à l’échange de matières ayant lieu dans l’échange de marchandises[4] ; soit enfin au métabolisme entre la nature et l’être humain, c’est-à-dire aux interactions socialement médiatisées entre l’être humain et la nature, en particulier dans le procès de production matérielle. »

« comme Marx l’avait déjà montré dans sa réfutation implacable du Jeune-hégélianisme à l’époque de L’Idéologie allemande, et comme on le constate chaque jour un peu plus avec la crise climatique actuelle, le simple changement de conscience n’est qu’un ersatz de changement qui ne change à peu près rien… »

« Si tout procès de travail implique un rapport de transformation et de prélèvement à la nature, aucun mode de production n’a consommé les ressources naturelles et détruit des pans entiers de l’environnement – au point de mettre en danger l’équilibre même de l’écosystème terrestre – comme le capitalisme, et la reconstruction de Saito permet de faire apparaître comment Marx a situé cette dimension cruciale au cœur même de la logique propre au capitalisme »

« Dans ces textes, en particulier dans l’Introduction aux lois naturelles de l’agriculture qui ouvre la 7e édition de sa Chimie agricole (1862), Liebig, qui avait auparavant posé les bases théoriques de l’utilisation d’intrants chimiques en agriculture, donne un tour extrêmement pessimiste à ses réflexions et prophétise l’épuisement rapide des sols et même une crise civilisationnelle majeure sous l’effet de l’agriculture intensive telle qu’elle se développe alors à grande vitesse en Grande-Bretagne et aux États-Unis. »

« Les lectures de Fraas viennent donc étayer l’intuition formulée dans le premier manuscrit complet du livre III du Capital, dans lequel Marx parlait déjà de la nécessité du « contrôle des producteurs associés » pour instaurer une véritable « agriculture rationnelle », à laquelle la logique de la valorisation capitaliste s’oppose manifestement. »

« L’exploitation capitaliste de la force de travail et l’exploitation capitaliste de la nature sont deux aspects du même processus, qu’il ne faut pas opposer. Ce point est particulièrement crucial, car décorréler et opposer (pour le dire vite) « le travail » et « la nature » est l’une des stratégies majeures de l’idéologie dominante, qui a tout intérêt à construire une opposition entre une soi-disant écologie des urbains diplômés et un soi-disant anti-écologisme des ouvriers et plus généralement des classes populaires défendant leurs « modes de vie » et leurs emplois »

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