
Maintenant les retraites !…
Nous ne ferons pas de discours technique ici, pas de chiffres etc. Tout le monde a bien compris qu’une fois de plus on va se faire… choisissez l’expression plus ou moins vulgaire qui vous siéra.
Mais en gros, ils viendront nous emmerder jusqu’à la mort, après une vie de turbin. Pour ceux qui auront la chance d’arriver à la retraite. Car beaucoup seront déjà mort, à 64 ans… Déjà qu’à 62 ans… Nous ne pouvons donc pas nous contenter de l’existant : il faut une retraite à minima à 60 ans. « Jusqu’aux années 80, la retraite pour la CGT, c’est 55 ans (et 50 pour les métiers pénibles) » 1. L’histoire du mouvement ouvrier est celle notamment de luttes pour la réduction temps de travail, contre les capitalistes et les bourgeois qui les servent à la tête de l’État.
Car pour augmenter la plus value, se faire du fric sur notre dos, deux solutions :
- intensive : augmenter la productivité du travail. Augmenter les cadences, faire plus avec moins, en moins de temps ;
- extensive : allonger la journée de travail, le surtravail non payé… Allonger la durée du temps de travail sur une vie.
Bref, nous payer toujours moins, augmenter l’exploitation. Extraire du travail vivant le maximum de profit :
« Le capital est du travail mort, qui, semblable au vampire, ne s’abîme qu’en suçant le travail vivant, et sa vie est d’autant plus allègre qu’il en pompe d’avantage. » 2
Sur longue période la productivité ne cesse d’augmenter mais les gains ainsi réalisés sont très inégalitairement répartis. Ainsi, nos salaires/revenus augmentent moins vite que l’inflation. Notre très chère bourgeoisie se doit d’être compétitive, dans la jungle du commerce mondial. Cette concurrence généralisée nous pousse vers le bas socialement et écologiquement.
Nous devons reprendre notre pouvoir sur le travail, sur nos vies. Si nous n’avons pas d’emploi, ce n’est pas pour autant que nous ne travaillons pas. Que l’on soit au chômage ou à la retraite, nous sommes toujours producteurs de valeur, ne serait-ce que pour faire plier ce gouvernement qui nous impose sa contre-réforme des retraites, sa destruction du corps social.
Nous produisons constamment de la valeur… d’usage, ce qui est utile. Dans le monde capitaliste, ne compte que la valeur d’échange, celle des marchandises échangeables sur un marché. C’est bien d’une révolution anthropologique dont nous avons besoin. De reconsidérer notre rapport au travail, à la production, à nos besoins, qu’il faudrait pouvoir décider collectivement. Pour cela, bien plus que des miettes à quémander, c’est le pouvoir qu’il nous faut prendre : sur la production en une véritable démocratie économique décidant des investissements. Et la politique doit être le travail de tous… dans l’intérêt du plus grand nombre et non d’une poignée de nantis.
Cette attaque contre notre système de retraites, après une tentative avortée en mars 2020, est un nouveau coup de boutoir de la bourgeoisie et de Macron, son serviteur zélé, pour mettre à bas la sécurité sociale. Le capital meurt de ne pas ouvrir de nouveaux marchés, à la canonnière s’il le faut, dans des contrées plus ou moins lointaines, ou à l’intérieur de la nation où il s’adosse pour accumuler toujours plus.
Plutôt que de nous arrêter à des revendications défensives sur les retraites, conservatrices de l’ordre existant, passons à l’offensive ! C’est nos institutions économiques et politiques qu’il nous faut refonder, pour cesser de produire tout et n’importe quoi, n’importe comment, et à n’importe quel prix. Le capital est une machine anthropophage et écocide, il dévore les humains comme le reste de la biosphère… pour du profit à court terme.
Retrouvons l’esprit communiste des fondateurs de la Sécurité sociale, des géants de 46 3, de Croizat et d’une CGT combative, étendons la sécurité sociale pour sortir des besoins essentiels du marché, comme l’alimentation.
Notes
1) Retraites : généraliser le droit au salaire. Un séminaire de Nicolas Castel, Bernard Friot. Avec les contributions de Lucy apRoberts, Gaël Coron, Éditions du Croquant, mai 2022, Vulaines sur Seine, p. 179.
2) Karl Marx, Le Capital, livre 1er,1867.
3) 1946