Local
Pour retrouver toutes les infos sur les luttes locales, syndicales en cours, concernant l’hôpital public, pour des hausses de salaire, vous pouvez vous rendre sur le site L’Hermine Rouge.
Signez ici une pétition de soutien à Marylène (AESH) dénonçant son non-renouvellement de CDD (qui de fait est un licenciement) et exigeant son réemploi immédiat par l’académie de Rennes.

Un peu partout en France, largement occultés par les grands médias capitalistes nationaux (mais aussi publics…), des débrayages, grèves, pour des augmentations de salaires face à la hausse des prix !
National
Économie
« L’analyse du PIB par les dépenses permet de constater que cette récession est en réalité causée par une nette baisse de la consommation, ayant un effet de -0,6 point sur la croissance. C’est la plus forte baisse depuis 2010, à l’exception des 3 trimestres de crise du Covid. »
« La récession du premier trimestre est donc essentiellement due à la forte chute de la consommation des ménages de -1,5 % ce trimestre, ainsi qu’à une baisse de 0,7 % de leur investissement. »
« -0,6 point de demande intérieure, +0,2 point de commerce extérieur, +0,2 point de stocks : voici l’explication de la récession de -0,2 point ce premier trimestre 2022. »
« Enfin, il est à noter que les plus fortunés ont eu la joie de constater que leurs revenus venant des dividendes et des intérêts perçus ont augmenté de +3,9 %. »
« Comme l’inflation a été de 1,3 %, le pouvoir d’achat par personne en France a au final baissé de 1,9 % au cours du seul premier trimestre 2022, ce qui explique la forte baisse de la demande intérieure, et donc la récession. »
Lutte des classes
« Les syndicats de la coordination CGT Total exigent donc que les salaires soient réhaussés à minima de 5,2%. Ils rappellent également deux exigences. Celle de leur confédération : un SMIC à 2000€ brut. Et celle du syndicat des avitailleurs – travailleurs ravitaillant les avions en kérozène – déjà en grève à l’aéroport de Roissy et affiliés à Total, qui exigent 300€ d’augmentation de salaire. »
« Chez Hutchinson, dans les usines où la CGT est majoritaire, comme à Segré (Maine-et-Loire), des « Vendredis de la colère » sont organisés pour exiger des augmentations de salaire. Des débrayages de 30 minutes à 2 heures chaque vendredi ont lieu sur site depuis novembre 2021. »
« « Augmenter de 300 € brut tous les salariés de Total en France coûte 200 millions à Total. » [. Total] cumule 4,1 milliards d’euros de bénéfices net au premier trimestre 2022 et aurait même atteint les 9 milliards de bénéfices si elle n’avait pas souffert de 4,9 milliards d’euros de dépréciation d’actifs , liés à la guerre en Ukraine. Total a également reversé 9 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires en 2021. […] Patrick Pouyanné, PDG de Total, a augmenté de 52% la part variable de son salaire entre 2020 et 2022. TotalEnergies lui a ainsi versé 5,9 millions d’euros cette année, au titre de 2021. »
Législatives
Analyse pertinente des résultats des élections législatives, de la montée du RN et de l’état de la gauche, par Roger Martelli.
« L’abstention massive s’est faite structurelle, le vote est devenu aléatoire et l’engagement civique est de plus en plus incertain. »
« l’extrême droite redéployée s’installe chaque jour un peu plus, imposant l’idée qu’elle est une forme plus radicale de la droite et non le rejeton dangereux des extrêmes droites fascisantes du passé »
« Longtemps voué au statut de force avant tout nationalisée, et donc faiblement territorialisée, le parti de Marine Le Pen est en train de consolider son implantation, avec ses zones de force à l’est et au nord, dans le centre et sur le littoral méditerranéen. »
« L’électorat de la Nupes se présente de son côté comme le plus concentré : ses candidatures cumulent la moitié de leurs voix dans 18 départements, dont 7 en région parisienne. »
« La Nupes l’emporte haut la main dans les zones métropolitaines et voit son influence diminuer en même temps que la taille des communes. C’est le phénomène inverse qui se produit pour le RN, toujours plus à l’aise dans les plus petites communes, où se concentre souvent les catégories populaires anciennes écartées des noyaux métropolitains. Si l’on va au-delà des trois étiquettes principales (Nupes, Ensemble et RN), le tableau est un peu différent : à l’exception des très grandes villes, plus favorable à la gauche, c’est la droite classique qui est en tête dans toutes les tranches de communes, les LR et l’UDI compensant en partie les carences du regroupement présidentiel en chute libre.»
« On dit à juste raison que, entre les années 1980 et aujourd’hui, la gauche a perdu le peuple, tout comme le peuple a la sensation qu’il a perdu la gauche qui partageait autrefois ses combats et portait ses espérances. Globalement, elle semble attirer moins les ouvriers qu’elle n’attire d’autres groupes sociaux. Pour l’instant, le monde ouvrier continue de se porter plus vers l’abstention et le vote d’extrême droite que vers la gauche, même la plus « radicale ». »
« il est vrai que la gauche ne donne pas vraiment l’image de ce peuple qu’elle entend rassembler et mettre en mouvement. »
« Les catégories populaires restent dispersées et aucun mouvement n’a acquis à ce jour la force unifiante qui fut celle du mouvement ouvrier. Dès lors, comment ne pas voir que la progression incontestable de l’extrême droite dit que nous n’en sommes pas encore au moment où la colère, se raccordant à l’espérance, se détourne du ressentiment et des variantes multiples du repli sur soi ? »
Sur la montée (encore) du RN
« Le Monde rapporte ainsi que pour 61 circonscriptions dans lesquelles un candidat d’extrême-droite (RN, Debout La France ou autre) se retrouvait en duel face à la NUPES au second tour, les candidats de la coalition présidentielle n’ont donné de consigne de vote claire que dans 32 d’entre elles. Dans toutes les autres, Ensemble ! a renvoyé dos-à-dos les candidats NUPES et RN.
Conséquences : l’institut de sondage Ipsos estime que lors des duels au second tour opposant la NUPES et le RN, les électeurs d’Ensemble ! se sont abstenus à 72%, et ont voté à 16% pour la gauche et à 12% pour l’extrême-droite. Si les électeurs LR sont également majoritaires (53%) à s’abstenir dans ce cas de figure, ils sont 35% à faire le choix du candidat lepéniste contre seulement 12% pour la NUPES. « Clairement, dans ce segment de l’électorat, le front républicain a fait son temps quand la gauche est présente [au second tour] », acte donc Abel Mestre dans Le Monde. »
« C’est ainsi que les candidats lepéniste ont réussi à remobiliser une part de leur base électorale qui en général se désintéresse des législatives, recueillant 45% des suffrages exprimés par des ouvriers au premier tour, et 25% par des employés (contre respectivement 18% et 31% pour la NUPES) selon Ipsos. »
« Malgré l’union, la gauche a réuni au premier tour 5,8 millions de voix contre… 5,7 millions en 2017. »
« 71% des 18-24 ans et 66% des 25-34 ans se sont finalement abstenus de même que 64% des foyers touchant moins de 1250€ par mois »
Point de vue
POINT D’ÉTAPE
Le score de la NUPES ne permettra pas d’appliquer une autre politique, bien plus sociale et écologiste. La situation parlementaire est toutefois bloquée et le gouvernement cherchera une majorité texte par texte pour faire passer ses lois. Macron n’a donc pas les pleins pouvoirs et cherchera à dissoudre (à l’automne?) après avoir tenté de montrer que la France est ingouvernable car trop divisée à l’Assemblée Nationale. Il se posera en défenseur de l’intérêt général et réclamera alors une majorité claire !
Évidemment, pour l’instant en tous cas, le résultat des législatives ne permet pas de changer la vie quotidienne de la majorité la plus pauvre de la population, des ouvriers, des employés, de la classe laborieuse. Il permet de freiner voire bloquer Macron et son rouleau compresseur néolibéral, ce qui n’est pas négligeable mais est bien insuffisant pour tous les Français qui peinent à boucler leurs fins de mois, qui souffrent de la hausse continue des prix, des produits de première nécessité notamment.
Nous partageons donc évidemment le constat de cet article que la politique, au sens noble et général, ne se limite pas à participer aux élections, que celles-ci ne sont qu’un moment très distant pour le citoyen envers la chose publique et qu’il est contre-productif de culpabiliser les abstentionnistes, particulièrement vis à vis de personnes très éloignées de la politique institutionnelle et du militantisme.
À la rentrée se multiplieront peut-être des grèves pour les salaires (elles ont déjà commencé !), des manifestations etc. Nous devons continuer à nous entraider, développer le secteur associatif et être partout : dans des forces politiques comme la NUPES ou la LFI (qui se transformerait en parti ?), dans les syndicats, les associations, les quartiers, tous les lieux de la vie quotidienne pour peser, agir très concrètement pour améliorer la vie des gens.
Nous avons besoin toutefois d’une organisation solide, structurée, coordonnée, loin de l’atomisation actuelle du mouvement social, afin d’agir efficacement sur ce dernier autour d’un clivage clair : le travail contre le capital, pour vivre dignement.
Nous devons assumer une conflictualité loin des clivages artificiels du Rassemblement National divisant les classes populaires entre elles, les quartiers populaires des campagnes/périurbain populaires, loin, comme la Macronie, de cliver sur des conflits de classe, le partage de la valeur ajoutée, mais visant à diviser les pauvres entre eux. Et ainsi, transformer la colère en espoir et leur rendre le sentiment de justice par le partage !
QUELQUES EXTRAITS DE L’ARTICLE :
« Pour le dire vite : lorsque le mouvement ouvrier a fini par se convertir au vote, au début du XXe siècle, parce qu’il y a vu (non sans débats) un outil de plus dans la lutte des classes et non un simple piège, il l’a fait en investissant des candidats ouvriers. C’était vrai à la SFIO, l’ancêtre du PS, c’était vrai au PCF qui est le parti grâce auquel, en 1946, l’Assemblée Nationale n’a jamais compté autant de députés ouvriers. Depuis, leur nombre est en chute libre, tout comme celui des employés. Et ce coup-ci ? Eh bien rien n’a changé : députés ouvriers et employés représentent moins de 3% de la nouvelle Assemblée, alors qu’ils représentent la moitié de la population. Les cadres et professions intellectuelles supérieures, qui représentent 9,5% de la population active, sont représentés à hauteur de 58,4%. Comment ne pas comprendre que les cadres votent plus et les ouvriers moins ? D’un côté vous élisez des gens qui vous ressemblent, qui vous comprennent, qui ont les mêmes goûts et la même façon de parler que vous, et de l’autre, quand vous êtes ouvrier ou employé, vous devez faire confiance (car voter, c’est bien devoir faire confiance puisque vous n’aurez aucun contrôle sur l’action de votre député) à des gens qui, dans la vie courante, vous méprisent, vous dirigent ou vous ignorent. »
«c’est la NUPES qui amène cette semaine la plus forte proportion de député.e.s cadres et professions intellectuelles supérieures, et moins d’ouvriers et d’employés que le RN ! »
« le vote ne suffit pas, il existe d’autres façons de lutter par sa classe et son écosystème menacé »
Entrevue
« Il faut réactiver ce conflit central du capital contre le travail – avec une nuance, tout de même : il y a davantage de petits patrons, d’indépendants, d’auto-entrepreneurs aujourd’hui qu’hier. C’est une transformation, pas seulement économique, psychologique, majeure. »
« La gauche, depuis les années 1980, a livré la classe ouvrière au Rassemblement national : la mondialisation a alors tracé comme un fil à couper le beurre entre les vainqueurs et les vaincus. […] Je parle bien sûr de la gauche sociale-libérale, celle qui signe les traités européens et de libre-échange, avec Jacques Delors à la Commission et Pascal Lamy à l’Organisation Mondiale du Commerce. […] Mais je parle également d’une partie de la gauche « révolutionnaire », « de rupture », « altermondialiste », qui est passée de l’ « antimondialisation » à l’ « altermondialisation », qui a au fond accepté cette mondialisation – sous le prétexte d’en infléchir le cours. Cette gauche répétait à l’envi « qu’un autre monde est possible » : mais dans combien de temps ? Je pense qu’il faut accepter une perspective anti-mondialiste, ou démondialisatrice. Pour plaire aux classes intermédiaires, on a euphémisé cette approche. Pendant ce temps-là, le RN progressait. »
« Les sociologues qui justifient l’abandon des ouvriers au RN, ils réactualisent, d’une certaine manière, le fameux rapport de 2011 produit par Terra Nova. Un rapport que j’avais apprécié : au moins, il disait ce que la gauche faisait sans le dire depuis quarante ans ! Les ouvriers doivent être abandonnés, car les reconquérir impliquerait de défendre le protectionnisme et d’abandonner un agenda libre-échangiste. Le vote RN dans ma région n’est pas un vote prioritairement raciste. C’est un vote de rejet de la mondialisation.»
« Il faut une triple rupture : moins de mondialisation et davantage de protection, moins de concurrence et davantage d’entraide, moins de croissance et plus de répartition. »
« Je parlais tout à l’heure du divorce entre les classes populaires et les classes intermédiaires apparu dans les années 1980. En 1981, 74 % des ouvriers ont voté pour François Mitterrand, ainsi que les professeurs, très massivement. La mondialisation a opéré un divorce entre ces deux blocs. Mais à côté de ce premier divorce, en est apparu un autre, au sein des classes populaires elles-mêmes : les quartiers populaires d’une part, les campagnes populaires de l’autre. Mettre sur la table des questions d’ordre sociétal, culturel ou cultuel fait exploser la possibilité d’un bloc. Mettre l’accent sur les questions économiques et sociales rend possible un rapprochement. Notre objectif doit être de mettre fin à ces deux divorces qui durent depuis des décennies. »
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Analyse
Écologie
« La décroissance écosocialiste nécessite l’appropriation sociale des principaux moyens de re/production et une planification démocratique, participative et écologique. Les principales décisions sur les priorités de production et de consommation seront décidées par les gens eux-mêmes, afin de satisfaire les besoins sociaux réels tout en respectant les limites écologiques de la planète. Cela signifie que les gens, à différentes échelles, exercent un pouvoir direct en déterminant démocratiquement ce qui doit être produit, en quelle quantité et de quelle manière ; comment rémunérer les différents types d’activités productives et reproductives qui nous soutiennent, nous et la planète. »
« Dans une perspective écosocialiste, la décroissance doit être comprise en termes dialectiques : de nombreuses formes de production, comme les installations au charbon, et de services, comme la publicité, devraient non seulement être réduites mais supprimées ; certaines, comme les voitures privées ou l’élevage de bétail, devraient être considérablement réduites ; mais d’autres auraient besoin d’être développées : l’agriculture agro-écologique, les énergies renouvelables, les services de santé et d’éducation, etc. »
« Nous ne pourrons pas vaincre le système sans la participation active de la classe laborieuse urbaine et rurale, qui constitue la majorité de la population et qui supporte déjà le poids des maux sociaux et écologiques du capitalisme. Mais nous devons également élargir la définition de la classe pour inclure ceux qui assurent la reproduction sociale et écologique, les forces qui sont aujourd’hui à l’avant-garde des mobilisations sociales et écologiques : les jeunes, les femmes, les peuples indigènes et les paysans. »
Analyse/débat
Article intéressant sur le marxisme et le post-modernisme, l’intersectionnalité. Loin des caricatures, le débat peut être mené et ne doit pas conduire à mépriser les luttes et catégories de la population concernées.
« Angela Davis elle-même avant de connaître des mutations théoriques que nous jugeons absurdes et malheureuses signalait très justement que « de plus en plus les Noirs voient le racisme et toute l’oppression dirigée contre les Noirs comme une partie d’un système plus grand, comme une partie du capitalisme et alors il est nécessaire pour détruire les racines du racisme de renverser tout le système. Il y a beaucoup de Noirs qui, maintenant, se considèrent comme marxistes ». »
« dans Le Capital déjà, Marx écrit bien que « le travail sous peau blanche ne peut s’émanciper là où le travail sous peau noire est stigmatisé et flétri ». »
« Les classes populaires, les producteurs, ne sont pas des victimes mais au contraire les artisans du monde dont nous devrions tous pouvoir disposer. C’est ainsi qu’ils doivent s’affirmer contre les classes dominantes parasitaires.
La victimisation permanente anesthésie totalement le discours de lutte et conduit plutôt à quémander des droits aux tenants du pouvoir. Il est temps au contraire d’en finir avec la mendicité et l’écoute des intellectuels hors-sol pour qu’il puisse de nouveau y avoir une identité de classe qui opère contre le social-chauvinisme d’un côté et contre la victimisation de l’autre. C’est seulement de cette manière qu’il est possible d’entrevoir et de renouer avec l’héritage légué par le mouvement ouvrier, qui plus est en France, pour construire une voie française vers le socialisme et le communisme, qui n’ont rien d’archaïques, bien au contraire. »