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Après le Chili, une autre victoire importante en Amérique latine !
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Merci à Citoyen Chouette pour le visuel
Législatives
Brèves
Face à l’abstention, soyons clair : l’injonction et le jugement moral ne marchent PAS. C’est la façon de faire de la politique, l’écart social entre candidats et électorat et d’autres éléments qu’il reste à saisir qu’il faut changer.
Face au RN il faut intégrer le fait que la bourgeoisie ne fait barrage que quand il s’agit de sauver son agenda néolibéral. Elle n’a pas et n’a jamais eu de réel dégoût pour les idées du RN, toujours moins grave que le partage. Arrêtons de nous étonner à la fin…
La très bonne nouvelle cependant : Macron est bien entravé. Tout va prendre des plombes au parlement, pendant que nous autres on le combattra dans la rue. Sa « feuille de route » antisociale ne s’appliquera pas comme prévu. Et ça, c’est formidable
PS : si je me focalise sur le groupe LFi c’est que j’ai une confiance toute relative dans les groupes PS, EELV et PCF. NUPES à l’assemblée ce seront des groupes distincts avec une réunion des président.e.s régulières, pas un seul groupe, sauf changement prochain.
Les résultats des législatives (concernant des candidats issus des luttes écologistes et de l’écologie politique notamment).
« L’extrême droite entre en force à l’Assemblée, avec 89 députés, bien davantage que les estimations les plus généreuses envers le RN. Du jamais vu. C’est la conséquence du relativisme politique dont l’extrême droite fait l’objet depuis des années : de la part de nombreux médias qui ont banalisé ses thèses les plus xénophobes ; du gouvernement – plusieurs ministres et ex-ministres appelaient à « faire barrage » non pas contre l’extrême droite mais contre la gauche ! De l’électorat macroniste et LR qui se sont très majoritairement abstenus (quand ils n’ont pas voté RN au second tour), mais aussi à gauche où l’antifascisme – combattre l’extrême droite, y compris en la faisant battre dans les urnes – n’est plus une évidence. »
« si l’électorat de gauche s’était comporté à la présidentielle comme l’électorat macroniste aux législatives, Marine Le Pen serait à l’Élysée… »
Point de vue
ET MAINTENANT ?
– Ce texte est un point de vue qui n’est pas partagé par l’ensemble du collectif CND. Un autre texte sera diffusé dans la foulée pour offrir le contre-champs –
Nous sortons enfin de 6 mois de campagne présidentielle puis législative ayant totalement anesthésié la France, qui était déjà tétanisée par deux ans de covid. Comment ressort-on de cette période ? Avec Macron à nouveau président pendant 5 ans, et son parti fantoche qui conserve une majorité à l’assemblée (quoique fragilisée par rapport au précédent mandat).
Voir Macron et son monde à nouveau aux commandes du pays revêt un goût amer quand on constate son impopularité et qu’on se souvient de son terrible bilan d’un premier quinquennat de destruction et d’ultra libéralisme.
Défaite également au vu de la montée du RN, tant aux présidentielles qu’aux législatives. Le parti de Marine Le Pen n’a jamais été aussi haut. C’est d’autant plus flippant quand on y additionne les voix de tous ceux qui ont ouvertement, depuis des mois, tenu des propos racistes et xénophobes, de la République en marche au RN en passant par les Républicains. Si l’on s’en tient strictement au résultat de ces deux élections (hors abstention), la France penche terriblement à droite, et même plutôt à l’extrême droite.
Et puis il y a la NUPES.
Certains s’enthousiasment de la dynamique créée lors de la présidentielle puis des législatives. Et de son nombre « historique » de députés. Évidemment, face aux partis cités précédemment, on ne peut que se dire qu’il vaut mieux des députés NUPES que des députés en Marche, LR ou RN. Mais est-ce suffisant pour appeler cela une victoire, quand bien même l’assemblage de circonstance aurait décroché la majorité ?
Lors des présidentielles, l’Union Populaire a bénéficié d’un phénomène important de vote utile. Mélenchon étant en tête des candidats capables d’empêcher Marine Le Pen d’être au second tour, de nombreux électeurs ont voté pour lui dans l’objectif d’éviter à nouveau un second tour Le Pen / Macron. Malgré ce phénomène, le score de Mélenchon n’est pas énorme et ce premier tour fait partie des plus bas scores de la gauche à un premier tour de présidentielle.
Lors des législatives, Mélenchon a surfé sur une autre vague : celle d’une union la plus large possible à gauche, au point d’aller chercher des partis qui n’ont plus de gauche que leur nom ou leur lointain passé. Des groupes qui font objectivement partie du problème et du monde à détruire, du PS en passant par le PCF ou les écologistes façon Jadot. Malgré cette union très large et contre nature, la gauche (NUPES et divers gauche) ne compte que 142 députés (sur 577). En dehors des dernières législatives de 2017, où le parti de Macron a fait l’illusion au sein de l’électorat de gauche, c’est l’un des plus bas scores pour la gauche l’histoire de la 5e république.
Au delà des résultats, la victoire de Mélenchon (et sans doute notre défaite) aura été de détourner une partie non-négligeable de la contestation sociale et des dynamiques révolutionnaires vers une organisation électoraliste. La France insoumise aura donné à bon nombre de nos camarades l’illusion que nos luttes avaient une chance d’aboutir au sein du système. Or il n’en est rien. Mélenchon, le soi-disant ennemi de la République (au yeux caricaturaux des médias et autres partis adversaires de la NUPES), est sans doute l’une des figures politiques les plus attachées au modèle du jacobinisme français que nous réprouvons. Il est un fervent défenseur du modèle républicain et ne révolutionnera en rien l’organisation sociale et politique de ce pays. Sans compter que cette NUPES remet sur le devant de la scène et redonne de la légitimité à des partis qu’on pensait enfin tombés dans les oubliettes de l’histoire politique française.
Cette alliance donne en effet quelques années supplémentaires au PS et aux autres partis de la sociale démocratie, lesquels ont tant trahi les attentes de la gauche au point d’en devenir des adversaires. Disons le clairement : nous aurions préféré une NUPES à 5 ou 10% de moins au second tour des législatives mais sans le PS ou le PCF.
Mais au delà de ces questions de stratégies partisanes et électoralistes, ce qui nous interroge le plus, c’est la capacité qu’a eu le système, au moment où il était le plus décrié et remis en cause (GJ, crise écologique et sociale, révolte anti raciste), de réussir à présenter comme une alternative radicale une option faisant partie du système et ne le remettant nullement en cause.
Nous comprenons les raisons individuelles qui ont pu pousser de nombreux militants, engagés depuis des années dans toutes les luttes sociales et écologiques, à se ranger, au moins le temps des élections, du côté de cette alliance « de gauche ». Clairement la « moins pire » des options.
Car toutes ces personnes, qui ont vécu la répression ultra violente du pouvoir, et les échecs de leurs luttes malgré des mobilisations massives et/ou malgré leur radicalité, estiment que l’issue ne sera pas seulement dans la rue, mais aussi dans les urnes. Quand bien même elles ne se feraient pas d’illusion au sujet de l’atteinte de leurs objectifs, l’idée était pour elles de « respirer », de « gagner du temps » face à la répression et l’autoritarisme de la Macronie. De plus, la séquence actuelle fait suite à deux années de crise sanitaire, ayant réduit à peau de chagrin tous les élans contestataires, ainsi que les possibilités d’amplifier des luttes sur des revendications pourtant urgentes ( services publics, santé, social, coût de la vie etc…)
Soyons clairs, et redisons le avec force, l’objectif des luttes radicales est bien de renverser un système qui détruit les plus pauvres et les plus faibles, tout autant qu’il détruit la planète. Et qu’importe si cela passe par des voitures de luxe brûlées, par des sièges de multinationales occupés ou par l’élection d’un candidat « radical ». Notre horizon n’est pas dans l’acte, si jouissif (ou poussif) soit-il, mais dans son résultat.
Et à cette lecture, force est de constater que la lutte dans la rue ressemble de plus en plus à une impasse, que ce soit dans des manifestations déclarées, aussi massives soit-elles, que dans des rassemblements plus émeutiers, rapidement réprimés (physiquement et juridiquement) tout autant que stigmatisés.
Mais faire ce constat ne signifie pas que la solution se trouve du côté des partis du système, y compris ceux d’opposition à gauche. Les exemples sont malheureusement trop nombreux pour espérer une vraie remise en question du système de la part d’un partis de gauche qui accéderait au pouvoir. Que ce soit en France avec toutes les compromissions socialistes et communistes ou à l’étranger avec les exemples espagnols ou grecs, nous ne pouvons que constater que le système (qui dépasse largement le cadre national) est totalement en mesure d’absorber la présence de ces partis contestataires, et que leur présence au sein d’instances de gouvernement permet même de canaliser la colère des plus précaires.
Maintenant que les dés électoraux sont jetés, il convient de s’interroger sur les horizons possibles pour nos luttes dans les années à venir. Car l’échec est aussi celui de l’autonomie des luttes. Malgré un énorme engouement et de fortes dynamiques, notamment chez les plus jeunes, il n’a jamais été possible de construire des alternatives fortes et massives à ce système. Il conviendra donc de tenter autre chose dans les mois à venir, de ne pas répéter les mêmes erreurs, même si, avouons-le, ce système ne laisse que très peu d’espace possible pour faire avancer et amplifier nos luttes.
Perspectives
Pour agir sur le plus long terme, nous pensons qu’une vraie gauche fondée sur l’opposition travail/capital doit se structurer et faire monter en son sein, parmi ses cadres, des personnes issues des classes populaires. Et non pas uniquement comme vitrine… Ainsi, ces dernières pourraient plus encore se tourner vers une organisation politique où des gens issus des ses rangs auraient un rôle bien plus important qu’actuellement. Nous pensons en ce sens à la nécessité d’une formation militante. La politique n’est pas qu’affaire de technique et les cadres militants ne doivent donc pas être quasi-exclusivement issus de la petite bourgeoisie CPIS (Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures). Le relationnel et la proximité avec les classes populaires sont indispensables.
La jeunesse très présente, notamment à Brest sur la 2ème circonscription du Finistère, doit continuer à être mobilisée, particulièrement dans les luttes et les quartiers populaires. Pour cela, des actions doivent lui être proposées mais mieux encore, elle doit pouvoir s’organiser démocratiquement sans attendre de directives. Cette force de gauche devra se structurer par delà les élections et mailler le territoire, s’impliquer localement. Sinon, elle sera vue comme essentiellement opportuniste.
Aller dans les luttes, ce n’est pas juste être sur la photo, exhiber les drapeaux mais bien plus : participer aux AG, aux piquets de grève, investir associations et syndicats ou du moins travailler avec eux, s’impliquer dans toutes les formes d’organisation visant à améliorer la vie quotidienne.
Nous reproduisons donc ci-dessous un débat entre Stefano Palombarini et Stathis Kouvélakis concernant la forme d’organisation que pourrait prendre une gauche pérenne.
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Lire aussi surtout sur le sujet : À gauche, les partis ont-ils un avenir ? – CONTRETEMPS
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Ou encore, sur la forme « mouvement gazeux », cette analyse de Juan Chingo (paragraphe « Les forces et faiblesses du mouvement ») : Union populaire : le dernier espoir des néo-réformistes – RÉVOLUTION PERMANENTE
Le défi de la structuration
Contretemps – Quel que soit le résultat des législatives, il est clair qu’une nouvelle période débute pour la gauche dans ce pays et en particulier pour la « gauche de gauche » pour reprendre le terme de Bourdieu. Dès lors, comment se pose à tes yeux la question de la structuration de cette gauche, une structuration qui en ferait une force ancrée dans la société, capable d’agir dans la durée et de construire un projet, une hégémonie sur le temps long ?
Stefano Palombarini – Ce qui est acquis, c’est que la gauche sera une gauche de rupture ou ne sera pas. Désormais, il n’y a plus d’accompagnement possible, on est dans le dur, je l’ai déjà dit pour le changement climatique, mais cela vaut pour l’ensemble des réformes néolibérales. C’était quoi, la gauche d’accompagnement ? C’était une force politique qui voulait mener ces réformes, mais en essayant d’en atténuer les conséquences sociales négatives. L’un des aspects de cette stratégie, c’était le timing des changements institutionnels : ceux destinés à engendrer directement le plus de souffrances ont été laissés en dernier. Après tout, on pourrait dire que ne pas avoir fait la loi travail dans les années 1980, c’est un résultat. Bien sûr, la libéralisation financière ou les traités de libre-échange, qui sont venus en premier, faisaient partie d’une stratégie qui impliquait tôt ou tard de s’attaquer aussi à la relation salariale et à la protection sociale.
Mais, je le dis sans ironie, c’est aussi grâce au PS que des travailleurs qui ont commencé leur activité il y a quarante ans ont pu échapper au moins en partie pendant leur carrière aux conséquences néfastes de la flexibilisation des rapports de travail. L’existence d’une gauche d’accompagnement avait donc un sens. Maintenant, on en est en fin de trajectoire : pour compléter la transition vers le modèle néolibéral, c’est précisément la relation salariale et la protection sociale qu’il faut réformer, et donc l’espace politique pour une gauche d’accompagnement n’existe plus.
Le fait que la bourgeoisie de gauche, qui était le pilier social de la gauche d’accompagnement, soit partie chez Macron en 2017 est une conséquence de la disparition de cet espace politique. Durant le quinquennat, cette fraction de classe a été soumise à un véritable test de résistance. Tout ce qui pouvait la faire réagir a été mis en œuvre : la répression des mouvements sociaux, la réduction des libertés publiques, la verticalité du pouvoir, le mépris pour le parlement, les décisions prises par un conseil de défense de façon totalement antidémocratique… Je ne parle pas des mesures sociales et économiques mais des thèmes auxquels cette « gauche bourgeoise » est censée être attachée. Malgré tout cela, elle est restée à 80 % fidèle à Macron. Ce qui démontre une conscience de classe assez aigue : la bourgeoisie anciennement « de gauche », qui voulait la réforme néolibérale mais dans un compromis avec une fraction des classes populaires, sait que cette perspective a disparu du paysage des possibles. La gauche d’accompagnement a épuisé son rôle historique, et toutes les tentatives de Hollande, Hidalgo ou Carole Delga de la faire revivre ne donneront rien.
Dès lors, comment la gauche de rupture peut-elle offrir une perspective viable et s’imposer durablement ? Ici se pose la question de la forme-parti. Même si on peut être très critique vis-à-vis de l’organisation interne de la France insoumise, il faut voir que c’était une construction très étrange, je vais expliquer dans un instant pourquoi j’en parle au passé. Il y avait, d’un côté, une forme très fermée de centralisation du pouvoir, dans un groupe autour de Mélenchon pour le dire clairement, et, d’un autre côté, un degré d’ouverture qui accompagne cette centralisation de la décision et que je n’ai jamais vu ailleurs en politique.
Cette ouverture on la voit par exemple dans les candidatures aux législatives, qui ne sont pas du tout l’exclusive des cadres du mouvement. On la voit aussi dans l’élaboration de L’avenir en commun. Dans un parti classique, pour contribuer au programme, il faut s’investir dans les sections locales, monter dans les instances, avoir des délégués au congrès, présenter des motions, etc. Le programme de la France insoumise, puis de l’Union populaire, est le produit d’une véritable construction collective, il n’est pas descendu du sommet même si des arbitrages ont été faits, c’est vrai, par exemple sur la question européenne.
Contretemps – Sans doute, mais il n’y aucun espace de discussion qui permet à de simples militants de participer activement à la discussion.
Stefano Palombarini – Je peux parler de l’expérience concrète que j’ai eue pendant la campagne présidentielle, comme membre du parlement de l’Union populaire (PUP). Ce parlement n’a rien d’une construction démocratique classique. J’y ai été intégré par cooptation, comme tous les autres. La moitié du PUP est composée par des gens qui ne sont pas engagés à LFI, c’est aussi mon cas. On y retrouve des syndicalistes, des enseignants, des inspecteurs du travail, des responsables associatifs etc., alors qu’un mécanisme électif aurait inéluctablement conduit à une assemblée de militants. Il y a donc certainement un degré de centralisme très fort, non démocratique si tu veux, mais qui permet aussi un degré d’ouverture plus important que dans des formations plus traditionnelles.
Pour en rester à mon expérience, avec quelques membres du PUP, on a pu monter en toute liberté un groupe d’une quinzaine d’économistes, dont les contributions ont été largement diffusées par LFI et ont pesé dans la campagne. Je ne défends pas ce mode de structuration, je dis simplement que par rapport à un parti qui a un comité central, une organisation pyramidale, une série de passages se font plus rapidement et, dans un sens, plus librement.
Contretemps – D’accord, mais là tu parles d’un niveau d’expertise très élevé, qui a par ailleurs existé, bien que sous d’autres formes, dans les partis classiques. Mon expérience de simple membre du Groupe d’action de la France insoumise de mon quartier est que, tout comme des dizaines d’autres membres de ce groupe, nous n’avons pas la moindre prise sur cette élaboration. Nous ne l’avons jamais eue et il n’y a aucun signe tangible jusqu’à présent que nous l’aurons. Est-ce un problème à tes yeux ? Comment est-ce que tu évalues cette réalité ?
Stefano Palombarini – J’insiste sur le fait que par rapport à un parti classique, il y a deux aspects, qui sont contradictoires d’un certain point de vue, mais qui sont liés. Il y a un noyau dur, sans structuration démocratique autour, et, comme effet même de cette centralisation, une possibilité d’ouverture. Après tout, tu as peut-être raison, je parle d’un point de vue techno, je suis enseignant universitaire et je ne veux pas comparer mon expérience à celle du « simple membre d’un groupe d’action » dont tu parles.
Mais mon cas personnel a peut-être un intérêt plus général. J’ai rencontré Mélenchon une seule fois dans ma vie, il y a plus d’un an, je n’ai jamais échangé avec lui de mail, de coups de fil, ni même un texto. Lors de notre rencontre nous avons bavardé surtout de l’Amérique latine, un peu de l’Italie, pas beaucoup de la France. Ce qu’il a fait, c’est qu’il avait lu notre bouquin [L’illusion du bloc bourgeois], et à la fin de notre rencontre il a dit à son équipe : « on achète 25 copies et tout le monde le lit ».
Cette vitesse est impossible dans une organisation classique. Ce type de pouvoir, on peut évidemment l’exercer dans des directions différentes, c’est l’avantage et le danger. Mais quand on voit, par exemple, comment Mélenchon et l’ensemble de son mouvement ont avancé, en une décennie, dans la compréhension de la thématique de l’écologie, on comprend que c’est le même mécanisme qui est à l’œuvre. Cette dimension écologique a été intégrée en profondeur dans le programme à une vitesse qu’un parti traditionnel n’aurait jamais pu suivre.
Contretemps – Est-ce qu’un tel fonctionnement est tenable dans la durée ?
Stefano Palombarini – Non, du moins si on raisonne sur l’hypothèse d’une montée en puissance de la gauche de rupture. Je vais m’expliquer. Dans un contexte de crise profonde, dans lequel les structures politiques sont très mobiles parce qu’il y a des blocs sociaux qui s’écroulent et d’autres qui se forment, la vitesse dont j’ai parlé est un facteur qui est pour quelque chose dans le fait qu’on a en France une gauche de rupture qui fait 22 % et qui n’existe pas ailleurs. D’un autre côté, je pense que la forme particulière d’organisation de LFI est inadaptée à un mouvement qui se donne pour objectif une présence institutionnelle importante, que ce soit au niveau national ou local.
Ce type de structure, avec ses défauts et ses avantages, est une sorte de vaisseau pirate. Il peut faire rapidement une analyse de la situation et aussi rapidement choisir la bonne trajectoire. Comparons par exemple avec le PCF : celui-ci a l’avantage d’être beaucoup plus démocratique, il fait des congrès, il y a des votes, etc. Mais il a le désavantage d’une inertie énorme, et on en voit le résultat. Ceci dit, si les législatives se passent comme on l’espère, ce type de logique centralisée aura du mal à traduire la richesse et la diversité d’un mouvement qui s’institutionnalise et qui permettra peut-être l’élection d’une centaine de députés.
Comment doit-il donc s’organiser ? Je pense qu’il faut, d’une part, accroitre le degré de démocratie dans la prise de décision. Je reviens à l’insatisfaction de ton engagement militant : pour quelqu’un qui s’investit ou qui veut s’investir dans un mouvement, la prise en compte de ses opinions est évidemment fondamentale. D’un autre côté, il faut sauvegarder cette capacité à réagir vite parce que le contexte de crise que nous connaissons va perdurer dans les années qui viennent, probablement même s’intensifier.
Quid de la vieille structure des partis à laquelle je suis moi-même très attaché ? Il y a des aspects du parti qu’il faut absolument récupérer, par exemple la présence sur le territoire. Il faut des sections locales, c’est quelque chose qui manque à la gauche. Quand on regarde les résultats du premier tour de la présidentielle, on voit que Mélenchon est beaucoup plus fort en zone urbaine que dans les territoires ruraux et dans les petites villes. On peut faire de la politique à travers les réseaux sociaux, internet et les chaînes youtube, mais si on se limite à cela, on rate tout une partie de la population qui n’est pas branchée sur ces médias.
Il faut donc davantage de démocratie et de présence dans les territoires mais il faut aussi inventer quelque chose qui permette d’avoir une rapidité d’adaptation de la stratégie à l’analyse de la conjoncture. La situation va évoluer très rapidement, sur tous les fronts. On se trouvera face à une série de crises, pas seulement des crises politiques au sens strict. Les choses vont bouger sur l’Europe, sur la crise climatique, sur l’économie, sur la pandémie… S’il faut attendre le prochain congrès, prévu dans trois ans, présenter une motion puis espérer gagner pour faire une synthèse avec les motions perdantes, ça ne marchera pas. Je le dis tout en ayant conscience qu’il faut accroitre le degré de démocratie. Je n’ai pas la bonne formule, mais il faudra sans doute innover et faire preuve d’inventivité.
Entretien réalisé à Paris le 19 mai 2022 par Stathis Kouvélakis.
1er tour
NUPES
« Entendons-nous bien : oui, des tas de bourgeois et de sous-bourgeois ont des idées de gauche et votent d’ailleurs contre leurs intérêts. Mais les membres de la classe laborieuse, après des décennies d’humiliation, de précarité, de mensonges et de renoncement, n’ont qu’une confiance très limitée dans le personnel politique… et d’autant plus limitée que ce dernier lui ressemble de moins en moins socialement. Dans un pays où les écarts sociaux s’accroissent, la politique et le militantisme deviendront de plus en plus un monopole de classe bourgeoise et sous-bourgeoise si aucune organisation ne prend ce problème au sérieux, autrement qu’avec quelques candidatures « atypiques » (dont il ne faut pas nier l’importance : vivement Rachel Keke à l’Assemblée !). […] En attendant ces évolutions nécessaires et urgentes selon nous, notre souhait pour dimanche est clair : Macron sans majorité, la droite conservatrice balayée et des député.e.s NUPES partout ! »
Les syndicats de travailleurs belges promettaient « une démonstration de force ». Pari réussi
Soignants, enseignants, cheminots, ouvriers, étudiants… Des secteurs variés étaient au rendez-vous
Bravo aux belges pour cette union

Écologie et lutte des classes
« Nous ne construirons pas un mouvement de masse en terrorisant les gens avec la hausse du niveau des océans, en les culpabilisant quant à leur empreinte carbone, ou en peaufinant d’élégantes propositions politiques. Un mouvement ouvrier pour le climat doit très directement pointer du doigt le problème du capitalisme et créer les conditions de la lutte pour défier cet ennemi, le plus tôt étant le mieux. »
Analyses
« Donc : accroître les marges diminuer les coûts faire travailler plus toujours plus plus longtemps plus vite accroître les cadences compresser le temps porter atteinte à la santé à la vie psychique sociale familiale au sommeil à l’intégrité à la dignité. Accumuler. Parce que c’est rentable dans une logique comptable : tout y a un coût et tout est étiquetable. »
Gramsci
« Le journalisme intégral s’y présente comme une activité éminemment politique, « l’émanation d’un groupe qui cherche à travers son activité professionnelle à propager une conception générale du monde »[1], préparatrice du « facteur subjectif » qu’est la conscience de classe, sans laquelle il n’y a pas de révolution possible. »
« Le journal socialiste ne part pas de théories éthérées et abstraites qu’il exposerait inlassablement sur le même ton et dans la même langue mais s’enracine dans le sol concret des modes d’expressions particuliers, des expériences réelles, des problèmes et des tâches historiques effectives qui se présentent ici et maintenant. C’est la condition méthodologique première pour permettre la transformation d’un « sens commun » encore vague mais vécu (d’où l’on part) en une vision cohérente et générale, capable de constituer un nouveau bloc national-populaire hégémonique, « un édifice culturel autonome et autarcique »[4] capable de résister aux assauts de l’ennemi et qui doit accompagner la prise révolutionnaire du pouvoir politique. »
« L’activité journalistique intégrale […] est l’acte critique par laquelle la pratique devient rationnelle et nécessaire, et la théorie réaliste et rationnelle. »
« … c’est un rappel direct à la pratique, à l’action politique, à la transformation du monde, sans quoi le marxisme ne serait que la proie des rats de bibliothèque ou des fonctionnaires politiques passifs. »
« Loin de se présenter comme une simple anthologie culturelle, le journal intégral tient […] le rôle d’organe de débat et de direction. »
« Loin de se présenter comme une simple anthologie culturelle, le journal intégral tient alors le rôle d’organe de débat et de direction. »
« Dans la politique de masse, dire la vérité c’est la nécessité politique »
Médias
NANTES RÉVOLTÉE DEVIENT CONTRE ATTAQUE ! REJOIGNEZ NOUS
Jamais la confiance envers les médias n’a été aussi faible. À peine 30% de la population déclare encore «faire confiance aux médias» en France. Un taux comparable à celui de la Slovaquie et la Hongrie. La quasi-totalité des journaux et chaînes de télévision sont possédés par une poignée de milliardaires, majoritairement d’extrême droite. Jamais le pouvoir politique n’a été aussi détesté. Il ne règne qu’à coup de chantage électoral, de 49.3 et de grenades. Les accusations de viol, les affaires de corruption ou de harcèlement semblent devenues un critère d’embauche pour devenir ministre.
Il nous faut donc des outils pour organiser la contre-attaque. Nantes Révoltée est un média indépendant et bénévole depuis 10 ans. Créé en 2012, il a accompagné les luttes, documenté les violences policières, porté la contradiction aux mensonges des élus locaux et nationaux. Nantes Révoltée a donné la parole à celles et ceux qu’on entend pas et parlé depuis les mobilisations. Ce sont plusieurs milliers d’articles, de vidéos, de reportages qui ont été réalisés gratuitement, sans subventions, et 10 revues publiées. Nantes Révoltée a été diffamée, attaquée en justice, réprimée, mais a tenu bon. En janvier, le gouvernement engageait la dissolution de notre média. Après une polémique nationale, et le soutien de 42 000 signataires de notre pétition, de syndicats, de journalistes et de personnalités, il semble avoir reculé. Merci infiniment pour vos soutiens.
Nous voulons voir au delà de Nantes Révoltée. Plus grand, plus ambitieux. Nous couvrons depuis longtemps des luttes qui vont bien au delà de Nantes, et sommes lus jusqu’à l’étranger. Nantes Révoltée devient Contre Attaque, un média et collectif qui doit être capable de vaincre l’esprit de défaite, de riposter, de se retrouver à Nantes mais aussi et surtout ailleurs, car il y a urgence. Nous allons renommer nos différentes pages, et annoncer la suite dans les prochains jours.
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