Local
Édito
POUR UN SYNDICALISME « POLITIQUE »
(et révolutionnaire ça serait encore mieux !…)
« Nous exigeons de retour de la retraite à 60 ans » (citation extraite de l’article et provenant vraisemblablement d’un membre de l’intersyndicale).
Il y a un moyen pour cela, on vous laisse deviner lequel… Un indice, il y a prochainement des législatives… Mais évidemment, les syndicats respectant la sacro-sainte charte d’Amiens (1906) ne font pas de politique ! Et pourtant, le cadre économique relève en grande partie de l’action politique, du gouvernement et de la direction de l’État. Donc : défendre les intérêts des travailleurs devrait logiquement amener à se prononcer pour une force politique qui défend la retraite à 60 ans, le SMIC à 1.400 euros et une hausse du « salaire réel » (tenant compte de la hausse de prix) grâce au blocage et à la baisse de prix de produits de 1ère nécessite : alimentaire, d’hygiène, énergie (carburant), l’égalité de salaire femmes/hommes. Mais aussi grâce à une fiscalité équitable, plus juste ! Les services publics seraient aussi refinancés et les conditions de travail améliorées. Et les jeunes pourraient bénéficier d’une Garantie d’autonomie à 1063 € leur permettant notamment de pleinement se concentrer sur leurs études et non de travailler à des métiers harassants (chez Mac Do, Uber etc.).
Quand le cadre de négociations est devenu si hostile, avec un capital déchaîné qui ne cède rien et un gouvernement Macron à sa botte, il est une solution politique : changer ce cadre. C’est bien ce que propose de faire l’Union Populaire en menant la bataille pour gagner les législatives, avoir une majorité à l’Assemblée Nationale et faire en sorte que Mélenchon devienne 1er ministre. Bien sûr, les luttes sociales, écologiques, antiracistes, féministes et autres peuvent venir en soutien sans y être affidées et se combiner avec cet assaut des institutions (loin d’être parfaites !…).
Mais ne conviendrait-il pas au bout d’un moment de franchement se prononcer pour pousser cette dynamique de progression d’une vraie gauche issue de la Présidentielle ? La réponse est dans la question.
Quoi qu’il en soit, il est toujours possible d’aider à titre individuel sans engager son organisation…
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SUR LE SUJET LIRE AUSSI NOTRE ARTICLE SUR LE SUJET : L’éternel retour
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Petit rappel sociologique très pertinent :
Brest rassemblement du syndicat Alliance et de ses militants en soutien à leur collègue parisien mis en examen pour violence volontaire ayant entraîné 2 morts.
13 manifestants et 1 journaliste 
« Alors que le syndicat Alliance, classé à droite, a qualifié d’« inadmissible » cette qualification et appelé à un rassemblement devant la cour d’appel de Paris, Me Liénard a regretté que « tout le monde s’excite. Les syndicats de police veulent récupérer ce dossier, moi je dis qu’il faut garder la raison. »
« Ce qui compte, ce sera la qualification retenue lorsque le dossier sera renvoyé devant une juridiction de jugement », a-t-il aussi souligné.
Tensions
Unité SGP Police, concurrent d’Alliance, a choisi de ne pas « prendre des positions pouvant porter préjudice » au collègue mis en examen, rappelant qu’il est présumé innocent, et a demandé « une juridiction et des magistrats spécialisés aguerris aux difficultés du métier de policier ».
Alors que des élections syndicales se tiennent fin 2022, cette affaire a exacerbé les tensions entre les représentants des gardiens de la paix. »
« La violence policière est également dénoncée, dans le cadre de la justice internationale, comme une entrave aux droits de l’homme engageant la responsabilité de l’État, à défaut de mesures légales et proportionnées prises pour prévenir l’usage excessif de la force[1].
On assiste depuis les restructurations initiées sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en passant par la répression du mouvement des Gilets jaunes sous la présidence d’Emmanuel Macron, à une augmentation du nombre de morts, de mutilés et de blessés causés par la police, en comparaison aux autres pays d’Europe occidentale[2],[3],[4],[5]. L’opacité du ministère de l’intérieur, en particulier relativement au nombre de personnes blessées ou tuées à la suite des opérations de police, est critiquée ainsi que la difficulté pour les victimes de porter plainte et d’obtenir réparation (voir Impunité)[6].
En outre, des accusations de violences à caractère raciste et discriminatoire (voir Discrimination systémique) sont régulièrement l’objet de rapports par des organisations de défense des droits de l’homme, et rapportés par la population via les médias sociaux. La question du profilage racial ainsi que des contrôles d’identité abusifs a été soulevée par le Défenseur des droits et portée à plusieurs reprises devant les autorités françaises[7],[8],[9],[10].
Le comportement de la police française à l’égard des migrants en situation irrégulière ainsi qu’à l’égard des journalistes (voir Liberté de la presse) a aussi été dénoncé[11],[12],[13]. » Wikipedia
Ni oubli ni pardon
Brest 30 avril 2022
Les habitants, de nombreux collectifs et commerçants ce sont retrouvés autour d’une après midi autour du jeu et du chantier participatif du collectif l’Avenir.
Moment rempli de bonne humeur et de rigolade

Les murs s’en souviennent 
Ça évite le gaspillage alimentaire et permet aux gens de se nourrit à prix modestes :
L’ENTREPRISE FINISTÈRESTES S’IMPLANTE À BREST. SON MAGASIN, SITUÉ 27 RUE NICÉPHORE-NIEPCE, DANS LE QUARTIER DE LAMBÉZELLEC, OUVRE CE SAMEDI 30 AVRIL 2022. LE PUBLIC SERA ACCUEILLI DE 10 H À 16 H. LE POINT DE VENTE SERA ENSUITE OUVERT DU LUNDI AU VENDREDI DE 17 H À 19 H ET LE SAMEDI DE 10 H 30 À 12 H 30. DEUX PERSONNES ONT ÉTÉ RECRUTÉES.
« Notre offre à prix modeste répond à une vraie demande. Avec la hausse du prix du gasoil, les gens réduisent malheureusement leur budget alimentaire. »
National
1er mai
Législatives
Je lis partout que l’union à gauche doit se faire « dans le respect » et sans humiliations. Vrai. Donc avec tout le respect, deux mots sur un enseignement qu’on peut tirer de la présidentielle.
L’un des facteurs qui ont divisé la gauche lors de la présidentielle, c’est la méthode par laquelle on a essayé de réunifier un camp en crise et fortement fragmenté. Il y a eu deux méthodes en compétition.
La première, c’est celle de l’unité autour d’un programme. C’est l’idée qu’a portée JLM : peu importe d’où on vient et l’étiquette qu’on affiche, on s’agrège autour d’une idée précise et détaillée de gouvernement. On sait que cette méthode a été rejetée par le PCF, le PS, EELV. Rejetée car, c’est la raison donnée, elle impliquait la domination sur la gauche d’une seule formation (LFI). Plus prosaïquement, une telle méthode a été rejetée parce qu’elle impliquait un dépassement des formations existantes : la réalité, c’est que EELV est profondément divisée sur le programme ; au PS, si on parle programme, on voit immédiatement que les éléphants sont à droite ; et pour le PCF, c’est le problème opposé : si on met l’accent sur le programme, ce parti pour exister est obligé de s’inventer des différences qui n’existent pas.
Donc, le PCF ; EELV et le PS ont proposé à la présidentielle une 2ème méthode pour réunifier la gauche, quasiment à l’opposé de la première. L’idée était simple: occuper chacun un segment de la gauche fragmentée (Roussel : populaire, Hidalgo: réformisme raisonnable, Jadot : écolo), pour ensuite se réunir par un accord aux législatives « dans le respect de la différence de chacun » (ce qui est essentiel, car chacun avait vocation à représenter un segment différent de la gauche).
Deux méthodes en compétition donc. Or, le résultat a parlé. Et son interprétation devrait être une évidence pour tout le monde. On ne reconstruira pas la gauche par un accord d’appareil entre structures partisanes qui représentent chacune une segment de la gauche. On n’y arrivera pas, car l’éclatement est tel que si chaque segment se donne sa propre représentation, l’accord d’appareil qui devrait ensuite produire « l’unité » correspondrait à un vide programmatique qui n’est convaincant pour personne. Il ne s’agit pas de recoller les morceaux de la gauche, mais de la refonder. Et cela passe par la confrontation, la discussion et la tentative de converger sur un programme partagé. C’est la méthode suivie par l’Union Populaire au cours de la présidentielle, et qu’il faut absolument prolonger pour les législatives et surtout pour la suite. Sans volonté hégémonique, mais c’est la seule voie.
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Communiqué commun entre la France insoumise et Génération.s pour les prochaines élections législatives – SITE de GÉNÉRATION·S
Analyse des résultats de la Présidentielle
UNE ANALYSE TRÈS SYNTHÉTIQUE DES RÉSULTATS DU SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE À L’AIDE DE STATISTIQUES ET GRAPHIQUES :
« Il ressort de tout ceci que seul un tiers des Français souhaite que Macron obtienne une majorité aux législatives. »
L’analyse d’Oliver Berruyer en vidéo pour Le Média :
« Au premier tour, Marine Le Pen réalise un score moyen de 12 pourcents dans les 40 villes françaises de plus de 100.000 habitants et n’arrive en tête qu’à Toulon et Perpignan »
« Au premier tour, le vote Marine Le Pen est constitué de tout un pan de la France périurbaine dont une partie est paupérisée, c’est vrai, mais aussi de toute une partie de cette classe moyenne qui ne l’est pas forcément mais qui sent son pouvoir d’achat se dégrader. Déclassement également du fait de son éloignement des centres de décision ou centres névralgiques économiques que constituent aujourd’hui les grandes métropoles. Pour eux, le vote RN est un vote de contestation par rapport à cet univers auquel ils n’ont plus accès. »
« Dans le Sud-Est au sens propre, c’est-à-dire la Côte d’Azur et la région PACA, c’est un vote effectivement plus bourgeois, plus intellectuel, qui a d’ailleurs montré une appétence pour Eric Zemmour. C’est un électorat inquiet de ce qu’il ressent comme un déclassement non pas de classe, mais un déclassement nationaliste, une perception de déclin de la France. C’est un électorat qui traditionnellement vote gaulliste et qui est très attiré par cette idée de bloc des droites, de refondation de l’ancien parti gaulliste que porte Eric Zemmour. »
« Marine Le Pen répond plus dans le fond à une angoisse du déclassement d’ordre socio-économique, là où Eric Zemmour répond à une angoisse de déclin qui porte plutôt sur le champ des valeurs »
Discussion Twitter intéressante
La réponse de Stefano Palombarini
Je suis d’accord avec vous et @Francois_Ruffin. Il y a un point de difficulté cependant. Cette fraction des classes pop s’est sentie abandonnée par le système dans son ensemble et a trouvé refuge au FN. C’est l’antériorité dont parle Ruffin. C’est un piège duquel, vous avez raison, il faut les sortir en les ramenant dans une perspective politique qui leur propose une protection réelle. La difficulté, c’est que 30 ans de sentiment de proximité avec l’extrême droite, ca laisse des traces. Le discours raciste et xénophobe, ça laisse de traces, et si on veut tenir les deux bouts, comme le dit Ruffin, ignorer cela devient un obstacle. Il y a des propositions politiques qui sont décisives (retraite à 60 ans, blocage des prix, hausse du SMIC que JLM propose et Le Pen non, en font partie), mais il y a aussi un travail culturel que l’Union populaire a commencé à faire et qui est autant décisif. Et qu’il faut intensifier, avec la conscience que ce n’est pas les qqs mois d’une campagne qui effacent les effets néfastes de 30 années de proximité avec l’extrême droite. Il faut du temps et de la persévérance..
Une réponse :
Une autre réponse :
La réponse de Stefano Palombarini
Notre réponse :
Discussion intéressante avec @StefPalomba car oui, l’#UnionPopulaire devra pour gagner s’implanter dans ces anciens bastions industriels du 1/4 Nord Est de la France où le RN encore progresse, dans la France périurbaine des GJ, en ruralité, bref, chez les ouvriers et employés.Le combat contre-hégémonique (culturel) est important à mener. Nous essayerons modestement d’y contribuer en recentralisant sur le rapport capital/travail, loin des obsessions identitaires du RN. En espérant un renouveau d’une fierté ouvrière, populaire, de lutte des classes.
Article intéressant malgré quelques bémols : le pourcentage de second tour peut tout de même avoir quelque effet politique, symbolique, médiatique… et pour la suite : voir les forces en présence et l’« état » du pays, élaborer une stratégie pour les législatives afin d’imposer une cohabitation à Macron et des mesures sociales et écologiques d’urgence comme le blocage ou la baisse de prix. L’enjeu est pour beaucoup vital !
UN EXTRAIT :
« Même si cela nous fait mal de le reconnaître, l’extrême droite de Le Pen est poussée, pour partie, par certains pans des classes populaires, alors que l’extrême droite de Macron est spectaculairement impulsée par la bourgeoisie. Au fond, bien plus que d’être d’extrême droite, ce que la bourgeoisie de gauche (qui semble faire peu de cas de tous les faits cités au-dessus) reproche à l’extrême droite de Le Pen, c’est surtout la faute de goût. Ce qu’on reproche à Trump bien plus que ses politiques migratoires dans la continuité de celles d’Obama, c’est sa vulgarité, son “sens du grotesque” et ses électeurs rednecks. »
Médias bourgeois et racistes
« Il fallait entendre, hier sur France Inter, Carine Bécard, Nathalie Saint-Cricq et Françoise Fressoz, par exemple, gardiennes sourcilleuses de la popolitique habituelle, houspiller Olivier Faure. Mais comment un garçon bien sous tous rapports comme vous, Olivier, pas un mot plus haut que l’autre, a-t-il pu pactiser avec le voyou Mélenchon ? On était si bien, entre nous, à célébrer un artiste unique nommé Macron et, à sa droite et à sa gauche, une savante désolation politique ! On était si bien, à nous lamenter à longueur d’éditos sur l’absence de « projets », de « perspectives », de « débat d’idées », d’utopies, d’incarnation. Vous aussi, vous allez donc « désobéir » à Bruxelles ? »
Effrayant !
Depuis le rachat de CNEWS par Bolloré, le temps de parole de l’extrême-droite sur la chaîne explose.
source : https://alternatives-economiques.fr/extreme…/00103021
Elon Musk rachète Twitter
Analyse
« Ce que l’on avait appelé « union de la gauche » comme en synonyme de « l’Union Populaire » qui s’édifiait alors était avant tout la représentation politique du monde du travail, du mouvement ouvrier et des catégories sociales qui se regroupaient autour de lui ; mais si la superposition de ces vocabulaires permettait de rendre compte de la dialectique entre « idées de gauche » et « classes populaires », elle avait vite fait place à la notion toute mitterrandienne de « peuple de gauche », expression de la mutation de la vie politique qui se profilait alors : ce qui avait historiquement été l’affrontement des classes possédantes et des classes travailleuses, la lutte des classes, en venait à se résumer à une simple lutte d’idées, voire de morales : idées de gauche et idées de droite devenaient des notions détachées de leurs racines sociologiques dans toute leur richesse et leur complexité. »
« L’épisode des Gilets Jaunes, hautement significatif par sa différence spécifique d’avec les mouvements sociaux issus du mouvement ouvrier et de sa crise, s’il a pu apparaître comme un moment de rupture, a surtout sanctionné cette involution de longue durée : il en a révélé la profondeur et illustré les conséquences. Le caractère idéologiquement disparate de ce mouvement social a souvent été noté ; il est entre autres une conséquence de l’affaissement des idéologies émancipatrices qui irriguaient jadis les classes laborieuses, aussi bien que de la déstructuration du monde du travail lui-même, et de l’affaiblissement de ses structures syndicales. »
« Il n’est pas surprenant qu’à l’élection présidentielle de 2022, le vote desdits Gilets Jaunes ait été largement polarisé entre, en gros une moitié de votes Le Pen et une moitié de votes Mélenchon – outre bien sûr une importante abstention. »
« En présence de trois pôles électoraux, la question est dès lors de savoir qui prendra in fine la position dominante et qui s’effondrera, entre une union populaire qui reste à construire à travers son ouverture et son élargissement, un bloc fasciste divisé, et une droite en reconstruction accélérée autour du Président réélu. Autant dire que la bipolarisation à venir passera par la destruction du pôle fasciste ou par la disparition du pôle de gauche. Les deux tâches qui en résultent sont claires : construite une véritable union populaire, et susciter une véritable culture antifasciste. Pour ces deux tâches, le rôle des quartiers populaires – dont on a vu l’importance dans les derniers scrutins – sera décisif. »
Sur la forme « parti »
« Le syndicaliste Fernand Pelloutier a eu cette belle formule : les organisations donnent aux ouvriers « la science de leur malheur ». »
« L’heure serait désormais à la démocratie du « public » qui substituerait à la démocratie des partis un régime d’opinion fondé sur la personnalisation et la médiatisation de la vie politique, le poids des sondages et la volatilité électorale. Les partis ne parviennent plus à organiser la vie politique à partir de la vie sociale, à donner une expression politique aux groupes qui composent la société et à produire une représentation de celle-ci »
« L’action durablement organisée (sous la forme de partis à réinventer) n’a pourtant rien perdu de sa nécessité politique et structurelle. La gauche ne peut se passer du parti, entendu comme lieu d’élaboration démocratique où se tranchent des débats d’orientation idéologique et stratégique mais aussi comme lieu de mémoire et de transmission, qui permettent à une génération de transmettre à la suivante son savoir pratique des luttes (victorieuses ou perdues) »
« L’horizontalité totale est une illusion, elle ne peut être un horizon durable de transformation des rapports sociaux et politiques. »
« les « mondes » de la gauche (associatif, syndical, intellectuel, culturel, enseignant, ouvrier…) se sont largement désarticulés depuis les années 1970. Les partis de gauche ne sont plus le creuset de rapprochements sociaux ou d’alliances (de fractions) de classes populaires et moyennes intellectuelles. »
« Les partis réunissent désormais surtout des agents directement « intéressés » à l’obtention de profits électoraux ou professionnels. Leur rationalité électorale prend le pas sur d’autres logiques (intégration sociale, sociabilité, construction idéologique, politisation de la société). »
« Les réseaux d’élus contribuent ainsi à gauche à une forme de dépolitisation partisane par le bas alors que, dans le modèle du socialisme municipal ou du communisme municipal, les positions locales, à l’avant-garde du « progrès social », étaient censées constituer des laboratoires de changement social et des éléments de politisation des milieux populaires. Machines électorales professionnalisées, dominés par un électoralisme local pragmatique, les partis désinvestissent leur fonction idéologique. L’activité programmatique se technicise, accélérant un processus de désintellectualisation des organisations. »
« Le mouvement (qui est juridiquement un parti[13]) est cependant rapidement confronté à des épreuves et des difficultés[14]. On observe une forte démobilisation militante à la base. Les « insoumis » venus principalement par la campagne présidentielle désinvestissent le mouvement mais le phénomène affecte aussi les adhérents aux plus fortes appétences d’engagement. »
« La « tyrannie de l’absence de structure[15] », qui permet au leader de verrouiller l’organisation et qui entraîne des phénomènes de cour autour de lui[16], emporte des effets censitaires puissants. Elle favorise les cadres du mouvement qui ont accumulé du capital militant[17] (ceux qui sont issus du Parti de gauche) et/ou qui possèdent un fort capital scolaire ou universitaire ou du temps (les étudiants de sciences politiques sont surreprésentés à Paris, Lille, Rennes, Brest, Annecy…). Le « gazeux » permet d’être réactif et « efficace » mais il génère des hiérarchies informelles sans permettre au pluralisme de s’organiser. »
« L’absence de démocratie interne provoque aussi des exit liés aux évolutions de la ligne du mouvement. Cette dernière est fixée lors des réunions du groupe parlementaire (« bureau politique improvisé », selon l’expression de Jean-Luc Mélenchon) et surtout par le leader du parti (même s’il n’en a pas le titre officiel…) qui n’a de comptes à rendre à personne. »
« « Comme la forme-parti a son problème bureaucratique, la forme-mouvement a, structurellement, son problème charismatique[23]. » »
« Gramsci écrivait du « parti des opprimés » qu’il avait trois fonctions essentielles : organiser, éduquer, expérimenter. »
« Le surinvestissement dans le jeu électoral se fait au détriment de la construction pas à pas d’une contre-culture, de réseaux de sociabilité, de solidarités concrètes, bref, de bouts de contre-société. Toutes les énergies militantes sont absorbées par la conquête du pouvoir par les élections. Certes la gauche ne doit pas renoncer à la conquête du pouvoir et elle se joue (en partie) dans les urnes. Mais la victoire électorale ne peut advenir sans doute qu’au terme d’une construction politique de plus grande envergure. »
« Refaire des partis des lieux de débat, réinvestir la question de la « doctrine » en associant les intellectuels autrement que comme des cautions est une autre piste. »
« Les partis peuvent aussi de manière plus modeste reconstruire des formes de solidarité concrètes qui n’ont en rien perdu de leur légitimité (soutien scolaire, aide juridique aux plus démunis, collectes…). Renouer avec un « parti de services » marqué par l’esprit coopératif est une voie intéressante[27]. »
« Les partis semblent avoir abandonné toute politique significative d’adhésion et clairement l’ambition d’être des organisations de masse. Ils pratiquent une forme d’auto-restriction des répertoires d’action militante qu’ils proposent. Renouer avec le volontarisme en matière de recrutement militant n’est pas une cause perdue. »
« Les partis peuvent offrir une palette d’implications différentes, un engagement à multiples vitesses comme l’a théorisé la politiste américaine Susan Scarrow (donner de nouveaux droits aux sympathisants sans brader ceux des adhérents, accorder le statut de volontaires au moment des campagnes électorales…). La déterritorialisation du militantisme est aussi une manière de régénérer les partis (favoriser des bases d’adhésion par des entrées thématiques : liées à des causes, des secteurs de la société…). Le parti peut enfin jouer le rôle de facilitateur et d’incubateur de participation démocratique pour renforcer le pouvoir d’agir des citoyens (promouvoir et outiller des formes de community organizing). Il viendrait ainsi en appui de causes diverses (conflits du travail locaux…), de mouvements sociaux, de mobilisations et pourrait appuyer leur rôle de contre-pouvoir (ce qui suppose une nouvelle relation avec les élus locaux et de rompre avec une méfiance à l’égard des milieux populaires)[29]. »
« Un des enjeux pour la gauche est la construction de convergences des luttes et une meilleure articulation entre les divers pôles et composantes de la gauche (partis, intellectuels, syndicats, mouvements sociaux…). »
« Aurélie Trouvé propose de construire un nouveau « bloc arc-en-ciel[30] » en s’appuyant sur trois leviers et chantiers : la planification écologique et sociale, la relocalisation solidaire et la socialisation démocratique pour reprendre le contrôle, étatique ou collectif, de services d’intérêt général comme le système bancaire, l’énergie ou les transports. »
« Tandis que les « diplômés » sont restés largement passifs, les milieux populaires ont pris la violence sociale de plein fouet. Et ils ont réagi, ils ont refusé, à leur manière. Le parti qui a le plus vite adapté son propos, c’est le Front national (FN). Alors qu’il était ultra-libéral et pro-européen, notamment pour faire face au bloc communiste, dès que celui-ci s’est effondré, il a renversé sa doctrine sur la mondialisation. En 1992, Le Pen père est anti-Maastricht. Pendant ce temps, le Parti socialiste fait le marché unique, envoie Jacques Delors à la tête de la Commission européenne, signe tous les traités de libre-échange, et place même l’un des siens, Pascal Lamy, à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le second divorce à résoudre est interne aux milieux populaires, entre des classes populaires issues de l’immigration, qui vivent dans les banlieues des grandes villes, et des classes populaires « blanches » des France périphériques, qui se sont éloignées des métropoles pour causes de loyers trop élevés, de foncier inaccessible. Il y a une nécessité d’établir des jonctions entre ces deux pans. Cela fait quinze ans que j’insiste sur la nécessité de ces jonctions, qui ne se font jamais sans friction, pour unifier le camp populaire. »
« Cela étant dit, le scrutin présidentiel est quand même net : ça pèche pour nous dans les anciens bassins industriels du Nord et de l’Est, dans d’anciennes terres rouges où la gauche est tombée bien bas. Si demain on veut crever un plafond électoral, il est impératif que l’on se redresse dans ces coins-là. C’est un devoir électoral, pour gagner, pour faire mieux. Mais c’est surtout pour moi un devoir moral, ma raison d’être politique : faire entendre ces voix qui sont aujourd’hui loin des médias, des partis, des syndicats, c’est ma mission depuis 23 ans. Et ne pas les abandonner au Front national. »
« Ensuite, j’ai bien sûr des intuitions sur des lignes à mettre en avant, et qui ne divisent pas avec les quartiers populaires. Y aller franchement sur la démondialisation, la souveraineté nationale, les protections, qui ne signifient pas une fermeture mais une régulation. La destruction des emplois industriels, ça touche autant les enfants des cités que des campagnes. Les déserts médicaux, bien sûr : la Mayenne en est un, mais la Seine-Saint-Denis également.
L’enjeu d’un « numérique humain » peut aussi être très rassembleur. À la campagne, comme dans les associations de quartier, les gens me décrivent leur galère sur les sites Internet pour une carte grise, la Caf, la déclaration de retraite… On considère que c’est un thème infra-politique, mais c’est le quotidien, des gens qui se retrouvent face à l’absence d’humains dans leurs démarches. Tous les jours, on m’en parle sur le terrain, mais à quel moment ce thème a-t-il été traité dans la présidentielle ?
Enfin, il faut adresser des messages et des réponses à plusieurs millions de salariés qui ne gagnent que le Smic ou moins, dans les métiers qu’on a pu dire de la « deuxième ligne », 4,6 millions de salariés d’après le ministère du travail. Je pense aux personnes qui travaillent dans la logistique, aux auxiliaires de vie sociale, aux agents d’entretien, aux vigiles… À Paris, ce sont des métiers de couleur, en province ce sont des métiers « blancs », mais il peut justement y avoir une reconnaissance de l’un dans l’autre, pas nécessairement une division ou une concurrence.»
« Maintenant, s’il y a une locomotive et des wagons, il faut que le train avance sur de bons rails, vers une direction claire. Je vois trois lignes à ne pas abandonner. Premièrement, notre force est issue du « non » de gauche en 2005, c’est le point de départ de notre histoire. Nous devons assumer encore un rejet de la « concurrence libre et non faussée », de la « libre circulation des capitaux et des marchandises y compris avec les pays tiers » comme principes d’organisation de l’économie, de la société.
Deuxièmement, nous ne devons pas renoncer à la conflictualité sociale : il y a le travail contre le capital, « ceux d’en bas » contre « ceux d’en haut », les « salariés » contre les « actionnaires ». Troisièmement, la centralité de l’écologie doit perdurer : le logement, les transports, l’agriculture… tout doit être revisité à la lumière de la crise climatique en cours, qui réclame des ruptures. Il nous faut une économie de guerre climatique, comme Roosevelt a bâti en 1942 une économie de guerre. »
Économie
Article un peu pointu mais intéressant sur l’état et les perspectives de l’économie mondiale en réaction à l’inflation, la reconfiguration possible du capitalisme et sa possible sortie du « modèle » néolibéral. Le capitalisme d’État chinois y est également décrit quant à son fonctionnement (planification et contrôle de larges secteurs de l’économie par l’État etc.). L’auteur envisage plutôt à l’échelle mondiale un terrain économique favorable à des avancées salariales.
QUELQUES EXTRAITS :
« Ces trois raisons — des niveaux d’endettement élevés qui bloquent tout retour à l’austérité et imposent de favoriser la croissance, la montée de la Chine et la crise écologique — créent un nouveau paysage dans lequel le pouvoir de négociation des travailleurs s’est considérablement amélioré. »
« L’idée de base de Minsky est la suivante : Au début de tout cycle financier, le risque du système est faible, car les gens sont capables de rembourser leurs prêts et leurs intérêts. Mais dès que la confiance des acteurs dans la stabilité de la situation économique augmente, les gens commencent à prendre plus de risques, au point de ne plus pouvoir rembourser leur dette ou les intérêts, et vous avez alors une crise financière. »
« Brunhoff a souligné que les autorités publiques, par leurs actions de soutien au système financier, s’engagent dans un processus de pré-validation du travail social. Toutes les garanties publiques que nous voyons aujourd’hui peuvent être vues comme une manière pour l’État de garantir aux propriétaires d’actifs financiers qu’ils recevront les revenus qu’ils attendent de ces actifs. L’État intervient pour garantir que les rendements qu’ils attendent se matérialiseront. »
« Daniela Gabor a très bien expliqué la dynamique de ce qu’elle appelle le consensus de Wall Street, par lequel l’État garantit les rendements privés du capital financier suraccumulé. »
« Avant la crise financière, les États étaient terrifiés à la perspective d’un assèchement des liquidités du marché. Or, la configuration s’est aujourd’hui complètement inversée. La communauté financière est en permanence sous perfusion publique pour assurer les liquidités, la compensation des marchés et la fourniture d’actifs. En ce sens, vous avez un renversement de la relation de pouvoir entre la finance et l’État, en raison du rôle de l’État dans le soutien à la finance depuis la crise de 2008. »
« pour lancer une nouvelle vague expansionniste, il faut des politiques adéquates pour générer des opportunités technologiques afin d’offrir aux capitalistes des opportunités d’investissement. Je pense que ce cadre est, dans les grandes lignes, très pertinent pour nous aider à comprendre les différentes étapes ou époques du développement du capitalisme. »
« Toutefois, le succès relatif du capitalisme d’État chinois au cours des dernières décennies, malgré ses faiblesses, plaide en faveur de l’idée qu’avec certains cadres institutionnels spécifiques, il est possible de limiter ou de contrôler la principale contradiction du processus d’accumulation du capital, du moins pendant un certain temps. Bien sûr, tout le monde est bien conscient des faiblesses de ce système, en particulier en ce qui concerne les secteurs du logement et de la finance. Pourtant, il existe certaines caractéristiques spécifiques de la forme chinoise du capitalisme qui pourraient offrir à d’autres pays une alternative au modèle néolibéral et pourraient donc constituer une voie pour la poursuite de l’expansion du capitalisme, même si je ne parierais pas sur cette possibilité. »
« L’État contrôle le secteur bancaire, la plupart des secteurs des télécommunications, le secteur de la construction, etc. L’implication de l’État est très forte dans les secteurs clés de l’économie. C’est un élément crucial si vous voulez comprendre comment les dirigeants chinois ont pu gérer les contradictions capitalistes et maintenir la croissance pendant une si longue période. »
« En Chine, on a toujours une bureaucratie de planification et elle joue un rôle à deux niveaux. Premièrement, elle permet à la direction et aux chefs d’entreprise d’anticiper les étapes d’une éventuelle croissance, ce qui les aide à prendre des décisions. C’est un moyen de réduire les incertitudes. »
« Si on veut réussir en tant que dirigeant en Chine, on doit non seulement réussir en tant que gestionnaire économique selon les conditions du marché, mais on doit également être capable de proposer sa propre interprétation de l’orientation stratégique de la direction du parti et de la mettre en œuvre. »
« Le contrôle des prix devrait être un bon moyen de réduire les pressions inflationnistes — bien meilleur qu’une hausse des taux d’intérêt ou qu’un virage vers l’austérité, qui aurait des conséquences négatives très graves sur l’emploi et les conditions de travail. »
« nous commençons à voir une réduction de la masse ouvrière à l’échelle mondiale. La diminution de la pression du chômage devrait également aider les travailleurs à s’organiser et à reprendre confiance dans la possibilité de mener des luttes collectives. »
« Du côté subjectif, cependant, l’articulation d’une alternative au capitalisme est encore très faible et il y a un énorme travail idéologique à faire pour reconstruire ce projet. »
Conspis
Arts
Un entretien avec le camarade Serge D’IGNAZIO (Ouvrier/Photographe)
International
L’article contient vraisemblablement une erreur de traduction en qualifiant Chomsky de « socialiste libertarien ». Il serait plus logique (moins contradictoire) de le qualifier de « socialiste libertaire ».
« En Afghanistan, littéralement des millions de personnes sont confrontées à une famine imminente. Pourquoi ? Il y a de la nourriture sur les marchés. Mais les gens qui ont un peu d’argent doivent regarder leurs enfants mourir de faim parce qu’ils ne peuvent pas aller au marché pour acheter de la nourriture. Pourquoi ? Parce que les États-Unis, avec l’appui de la Grande-Bretagne, gardent les fonds de l’Afghanistan dans des banques new-yorkaises et ne veulent pas les débloquer. »