Réfutation de quelques lieux communs et idées fausses favorisant l’extrême droite (le RN) : relativisme, banalisation, dédiabolisation, Le Pen qui aurait un programme « social »…

L’apparition de Zemmour qui en contraste banalise et adoucit encore plus l’image de Marine Le Pen ne doit pas nous faire oublier que son programme n’est pas social et reste profondément discriminant, autoritaire et liberticide.

Il est vrai que des grands médias de milliardaires ont contribué à la banalisation de son image (les chats, la question faussement naïve : « Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ? » etc.). Il est vrai que son programme ne va pas à l’encontre de leurs intérêts économiques, contrairement à celui de l’Union Populaire… Nous osons l’hypothèse d’un lien de cause à effet (pas mécaniste) entre la banalisation de l’une et la diabolisation de l’autre, celle d’un certain Jean-Luc.

Nous réfuterons ici quelques lieux communs concernant le mal nommé Rassemblement National tant il divise les classes populaires – et concernant l’extrême droite en général. Nous verrons aussi quelles idées fausses circulent à leur encontre : le programme de Marine Le Pen qui serait « social » etc. voire « socialiste » pour ce même Zemmour : on croit rêver !

On a pas essayé : Et ben si ! Dans les villes gérées par le RN : budgets sociaux sabrés, démocratie entravée, indemnités des maires augmentées… En 2016 à Hayange, « la municipalité avait coupé le gaz et l’électricité à l’association du Secours populaire, lui demandant en même temps de quitter – sans préavis – les locaux appartenant à la ville ». À Hénin-Beaumont, le maire RN a dépensé « un pognon de dingue » pour mettre des caméras partout ! Sans compter les intimidations contre ses détracteurs… Rappelons qu’historiquement, quand l’extrême droite prend le pouvoir, elle ne le lâche pas et renforce les moyens de s’y maintenir. (citations issues de l’article en hyperlien)

– « Pour foutre le bordel » : Le Pen au pouvoir et ce serait la révolution demain matin. Les gens fantasment les capacités révolutionnaires du pays. Une fois au pourvoir, les lois liberticides pourraient être renforcées ainsi que les moyens de coercition (police, justice, armée)… Ce ne serait pas simple de la déloger sans compter une possible sidération…

La Constitution va l’arrêter de toute façon : l’extrême droite pourrait la changer par référendum qu’elle pourrait imposer comme moyen démagogique pour contourner l’assemblée et esquiver les débats. De plus, elle ne dit pas tout dans son programme et la police (et les militaires) qui vote largement pour elle pourrait s’autonomiser encore plus si elle arrive au pouvoir et avoir plus encore un sentiment d’impunité… L’expérience historique a montré que la résistance au sein de l’État de fonctionnaires et hauts-fonctionnaires était très limitée

« Ni de droite ni de gauche » : c’était aussi le discours de Macron. Il faut dépasser les clivages partisans etc. Mais la politique c’est d’assumer l’antagonisme pour les résoudre démocratiquement et non de les gommer artificiellement. L’extrême droite sème « la confusion [qui] conforte l’existant en noyant le poisson de la contestation. » [1] Elle ne propose pas de prendre l’argent aux riches et est donc de fait de droite. Son programme autoritaire anti-immigrés/musulmans, minorités la situe bien à l’extrême droite si les mots ont un sens…

« Je suis apolitique » : faire de politique n’est pas un mal, c’est se mêler des affaires de la cité. Et rien n’est neutre… Certaines mesures sont historiquement à gauche : hausse de salaires (défense du pouvoir d’achat), la défense des services publics etc. Nous devons retrouver ce lien avec les classes populaires, avec les ouvriers et les employés, avec cette France périurbaine et rurale des Gilets Jaunes.

– « Chacun pense ce qu’il veut. » : évidemment nous ne forçons personne à penser quoi que ce soit mais nous argumentons, rationnellement et le plus objectivement possible. Un certain relativisme nous a fait perdre des repaires et les trahisons du quinquennat de François Hollande n’y sont pas pour rien : le mot même de « gauche » a été sali. Il reprend enfin des couleurs !

– « On ne peut plus rien dire » : le droit à l’esprit de dérision pour justifier à peu près n’importe quelle liberté d’expression, même si c’est pour dire les choses les plus abjectes. Et bien sûr, ils se dépeigneront en apôtres de la liberté quand ils présenteront à l’inverse ceux qui les critiquent comme des totalitaires coercitifs ! Quelle inversion quand on connaît l’histoire… Et si la liberté d’expression c’est surtout celle de dire tout et n’importes quelles horreurs, quel intérêt ? Une certaine victimisation peut aller de pair avec ce genre de propos : voir le procédé ci-dessous…

– « Ce sont les minorités opprimées qui oppriment » – un classique de l’extrême droite – l’inversion accusatoire : les antifascistes seront présentés comme des nervis, des fascistes. Elle contribue à la confusion en prenant les mots de l’adversaire pour les détourner et, comme la langue néo-libérale, vide les mots de leurs sens. Il est alors compliqué de les réutiliser.

– Renvoyer dos à dos : relativisme toujours… Tout se vaut. Si l’extrême droite est violente, certains diront que l’extrême gauche l’est tout aussi. Il faut rappeler ici que l’extrême droite « hors les murs » est responsable de nombreuses agressions, de projets d’attentats et que certains de ces militants peuplent le Rassemblement National ainsi que Reconquête. Donc ce n’est pas anodin. Rappelons aussi que leurs valeurs sont antihumanistes.

– Le « droit-de-l’hommisme » : une ficelle récurrente de l’extrême droite est de moquer une certaine sensiblerie selon eux « gauchiste » qui excuserait tout, ferait se repentir etc. Et ben oui, nous assumons de défendre la déclaration universelle des droits de l’homme issue de la Révolution française mais ne sommes pas naïfs au point de croire qu’elle serait effective.

– Le fait divers en « exemple » : plus c’est proche, mieux c’est. Le voisin peut être stigmatisé comme « assisté », le réfugié comme piquant notre boulot etc. « Ne regarde pas en bas, c’est en haut que ça se gave ! » : la fraude à l’aide sociale est évoquée en boucle quand pas un mot n’est dit sur la fraude fiscale des riches, qui vide les caisses de l’État sans commune mesure avec la 1ère. Et évidemment, il est toujours possible de mettre bout à bout les faits divers les plus sordides pour créer la peur, un sentiment d’insécurité, tant bien même les agressions physiques seraient à la baisse.

– Les menaces imaginaires : l’extrême droite en crée de tous temps. « Complot juif », du « Grand Remplacement », des WOKE dont l’influence est surestimée volontairement : ces islamo-gauchistes qui gangrèneraient l’université ! « Elle invente ce qu’elle dénonce puis dénonce ce qu’elle invente. » [2]

– La folklorisation de l’adversaire : la gauche ne ferait rien que s’intéresser à des débats sociétaux futiles et bien sûr aurait abandonner la classe laborieuse pour ceux-ci ! Non, une vraie gauche est de plus en plus puissante et bien décidée à assumer un rapport de force avec le capital !…


Nous avons dû visionner un nombre inconsidérable de chatons pour réaliser ce lumineux visuel !

– L’extrême droite est idéaliste : ici c’est une affirmation de notre part. L’histoire pour elle, c’est une idée qui se balade et non des intérêts matériels contradictoires : la lutte des classes. Elle est antimatérialiste : il n’y a que des grands hommes qui accomplissent l’Idée dans l’histoire, les classes populaires (ouvrière) en sont absentes. Elle essentialise et est donc anhistorique : les choses sont ce qu’elles sont en tout temps et en tout lieu. Elle parlera de « peuple », ce qui « annule la conflictualité des classes. » [3]

Marine Le Pen a un programme « social » : malgré le vernis social, c’est une néolibérale comme Macron. Elle est contre le blocage de prix, ne veut pas augmenter le SMIC mais « baisser les « impôts de production » et supprimer la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) » – ce qui profiterait aux gros – ainsi que « l’impôt sur les sociétés pour les entrepreneurs de moins de 30 ans ». Elle veut aussi baisser l’imposition de l’héritage (des riches hein, pas vous) et supprimer l’impôt sur le revenu pour les moins de trente ans, sans conditions de revenus (donc pour les nantis également). Chez elle, « le « patriotisme » est l’argument utilisé pour donner du fric et exonérer d’impôts le patronat ». (citations issues de l’article en hyperlien)

Elle divise les classes populaires plutôt que de les unifier contre le capital (grand) ! Ceci sur des critères artificiels : racistes, religieux etc. Rappelons que le RN propose « la « priorité nationale », qui « réserverait aux Français l’accès à certaines prestations sociales » et à certains services publics [et] appauvrir[ait] une partie des ménages résidant en France. » Les habitants des quartiers populaires, des banlieues, ont les mêmes intérêts matériels que la France périurbaine et rurale des Gilets Jaunes : blocage et baisse de prix, SMIC à 1.400€, retraite à 60 ans etc. L’extrême droite a toujours proposé une alliance de classes autour d’une Nation mythifiée sans remettre en cause le capitalisme générant les inégalités. « Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise » disait Brecht. « Plutôt Hitler que le Front Populaire. », telle était la volonté de la bourgeoisie d’entre-deux-guerres. N’en doutez pas, sil faut Le Pen pour étouffer les revendications sociales du peuple, la bourgeoisie une nouvelle fois n’hésitera pas !

Elle a enlevé de son programme des mesures de 2017 : le Frexit, la sortie de l’euro, la retraite à 60 ans, la défense du droit du travail et des 35h. Soit des pas tactiques en arrière pour ne pas effrayer la classe moyenne et le patronat, se rendre respectable et donner des gages à la bourgeoisie. Si des mesures sociales demeurent dans son programme, il s’agit plus d’un saupoudrage que d’une « volonté de transformation systémique de la société en faveur du monde du travail » : par exemple un minimum retraite de 1.000€ et 670€ pour l’autonomie des jeunes (pour les « métiers en tension) par mois quand Mélenchon propose respectivement 1.400€ et 1.063€ (pour les étudiants).


Souvenez-vous…

Ainsi, nous pensons qu’il nous faut tout faire pour sortir de la colère (légitime) et proposer un espoir de changement radical de la vie quotidienne pour pouvoir vivre dignement :

« Savoir ce qu’on veut, pas seulement ce qu’on ne veut pas. » Alain Badiou [4]

Nous réaffirmons encore une fois que le programme L’Avenir en commun porté par l’Union Populaire va dans ce sens et qu’il y a donc un coup à jouer pour contrer Macron en gagnant les législatives et donc en lui imposant une cohabitation avec Mélenchon comme 1er ministre afin d’appliquer des mesures sociales et écologiques d’urgence comme le blocage ou la baisse de prix. L’enjeu est pour beaucoup vital !

PS : nous aimons aussi les chats et à fortiori les chatons (quel être monstrueux pourrait de nos jours ne pas être ému par ces derniers, petites créatures fragiles perdues dans l’immensité de l’univers ?)


Notes

[1] François Bégaudeau, Notre joie, Les éditions Fayard (Pauvert), 2021, Paris, p. 16.

[2] Ibid. p. 68

[3] Ibid., p. 114

[4] Ibid., p. 203


Pour en savoir plus

Sur ces procédés rhétoriques utilisés par l’extrême droite, lire notre article : Face à l’extrême droite : pour un mouvement populaire égalitaire !

Mais aussi : Le Pen, le 2nd tour et le danger fasciste. Réfutation de quelques objections courantes – CONTRETEMPS

Sur l’extrême droite au pouvoir : Dans les villes gérées par le RN : budgets sociaux sabrés, démocratie entravée, indemnités des maires augmentées… – BASTA

Sur l’idée de ramener de la joie dans les luttes et ne pas uniquement être en colère, contre, lire : “La colère ne peut pas caractériser un camp, elle n’est une garantie de rien politiquement. » François Bégaudeau X Frustration (I)

Non, le programme économique de Marine Le Pen n’est pas « de gauche » – MEDIAPART

Analyse intéressante des résultats de la Présidentielle par François Ruffin. Ou comment stopper la division des classes populaires, comment la (vraie) gauche pourrait de nouveau être majoritaire dans ces anciens bastions industriels du 1/4 Nord Est de la France où le RN encore progresse, la France périurbaine des GJ, en ruralité, bref, chez les ouvriers et employés ?

#BDR107 : On fait le point ! (vidéo sur You Tube)

Mais aussi :

Bourgeoisie réac’, gilets jaunes, déclassés : qui sont les électeurs de Marine Le Pen ? – STREET PRESS

ainsi que cet article intéressant malgré quelques bémols (le pourcentage de 2ème tour peut tout de même avoir quelque effet politique, symbolique, médiatique… et pour la suite : voir les forces en présence et l’« état » du pays, élaborer une stratégie pour les législatives…) :

L’impasse du « barrage » : l’extrême-droite est déjà là, partout – FRUSTRATION

Pour être informé sur l’extrême droite vous pouvez suivre Street Press ou encore La Horde.

L’association intersyndicale VISA informe et propose aussi des formations (brochures etc.).


Quelques autres textes sur nos positions récentes

  • VAINCRE MACRON ! (quelques mesures immédiates applicables si l’Union Populaire obtient une majorité de députés aux élections législatives)

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