Revue de presse au 25/04/2022 (spécial élection présidentielle)

National


Élection Présidentielle 2022



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Il est toujours possible de s’inscrire sur les listes électorales, ceci jusqu’au 6 mai.



Analyse des résultats du second tour (chiffres, graphiques etc.)



Quelques graphiques qui résument tirés de ces articles











Sur le débat d’entre deux tours



« les jeunes s’abstiennent bien plus : plus de 40% d’entre eux, contre 12% des seniors »

« L’INSEE nous dit que les plus de 65 ans représentent un peu plus de 13 millions de personnes, soit 20% de la population (de quoi vous faire élire un Macron). Ils sont un peu moins pauvres que le reste de la population (avec un taux de pauvreté de 8.6% contre 14,8% dans la population totale), sans être, en termes de niveau de vie, plus riche que la moyenne d’entre nous. »



« La différence majeure chez Le Pen, c’est tout de même que la plupart des mesures ne sont pas chiffrées, ni financées. Elle annonce que le financement sera assuré pour partie par l’expulsion des immigrés. Ce qui est stupide puisque toutes les études économiques sans exception montrent que les immigrés, en solde brut, apportent davantage qu’ils ne coûtent à la France. Ce sont des actifs qui paient des cotisations sociales et que le solde positif pour l’économie est très documenté dans la littérature économique. »

« Avant les ordonnances Macron du début de son quinquennat, on était déjà en-dessous de la moyenne européenne en matière de taux de remplacement, c’est-à-dire ce que vous touchez lorsque vous êtes au chômage. On était alors à 68% et la moyenne européenne est de 69%. Nous étions en 2021 à 65 %, à comparer à la moyenne de 69 % pour les pays de l’OCDE. Macron veut encore faire baisser cela, en faisant encore baisser la durée et le montant de l’indemnisation. Il veut que les gens acceptent tout et n’importe quel boulot, à n’importe quel prix. »

« Les perdants du programme de Marine Le Pen seront clairement les gens qui ne sont pas dans l’imaginaire frontiste des « Français de souche ». Par exemple, les immigrés qui seraient au chômage et qui auraient été chômeurs de plus d’un an seraient expulsés. On a aussi cette proposition dangereuse et idiote, du point de vue sanitaire, qui est de restreindre l’Aide médicale d’État. Or, celle-ci permet d’aider des gens qui sont malades, qui doivent se soigner et donc de restreindre les épidémies. »

« Par ailleurs, dans le programme de Marine Le Pen, les gens qui viendraient travailler chez nous en étant d’origine étrangère, cotiseraient pendant cinq ans à la Sécurité sociale et aux caisses de retraites sans avoir de droits en échange et au bout de cinq ans, ils pourraient bénéficier des droits sociaux pour lesquels ils ont cotisé. Je ne suis pas sûr que cela soit constitutionnel parce qu’à partir du moment où vous cotisez, vous avez des droits. »

« Il y a au fond la même philosophie chez Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Si les gens sont au chômage, c’est leur faute ! Les 5,6 millions de chômeurs sont responsables du fait d’être au chômage. Même si, maintenant, Marine Le Pen dit exactement le contraire alors que le programme du RN a toujours été « sus à l’assistanat ! » »

« Il y a au fond la même philosophie chez Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Si les gens sont au chômage, c’est leur faute ! Les 5,6 millions de chômeurs sont responsables du fait d’être au chômage. Même si, maintenant, Marine Le Pen dit exactement le contraire alors que le programme du RN a toujours été « sus à l’assistanat ! » »



« le projet de ce parti est bien celui d’une renaissance nationale par purification du corps social, ce qui suppose nécessairement de s’en prendre à celles et ceux qui empêcheraient la nation de demeurer elle-même et de retrouver sa « gloire » passée, en premier lieu les minorités (ethno-raciales, religieuses, de genre et sexuelles), mais aussi d’écraser politiquement (voire physiquement) toute forme d’opposition – syndicale, politique, associative, journalistique, artistique, etc. »

« Marine Le Pen ne serait pas (ou plus) d’extrême droite. Absurde parce que toute l’histoire du FN/RN depuis sa fondation en 1972, toute la trajectoire militante de Marine Le Pen (depuis son adhésion au FN à l’âge de 18 ans en 1986), toutes ses alliances au niveau international, tout son programme, toutes ses références politiques principales, sont celles de l’extrême droite. Sans parler de toute la constellation de négationnistes, de nostalgiques du 3e Reich, de « philonazis » ou d’identitaires obsédés de « grand remplacement » qui continuent à être présents au sein du FN/RN. »

« Il faut en outre prendre au sérieux l’idée que la permanence d’un tel projet a exigé des abandons partiels (de propositions, d’un vocabulaire, etc.) et des renouvellements (langagiers et politiques), outre les modifications cosmétiques bien connues : le « Rassemblement national » plutôt que le « Front national », la « priorité nationale » plutôt que la « préférence nationale », « Les Français d’abord » plutôt que « La France aux Français », etc. »

« Elle avance en outre des propositions qui, pour certaines, vont plus loin que le régime de Vichy (abroger la naturalisation par le mariage et supprimer le droit du sol pour les enfants nés en France de parents étrangers eux-mêmes nés en France), et pour d’autres (l’interdiction du foulard dans l’espace public), seraient quasiment uniques au monde, notamment parce qu’une telle mesure entre en contradiction directe avec la Déclaration des Droits de l’homme de 1948 (article 18). »

« l’absence d’une majorité parlementaire a déjà été prévue par le FN/RN, dès 2017, avec une stratégie claire et simple : réformer la loi électorale par référendum et dissoudre l’Assemblée nationale pour y obtenir, cette fois, une majorité, notamment via l’instauration d’une forte prime au vainqueur de l’élection. »

« deux articles de la Constitution permettent au Président de la République de s’affranchir davantage encore de toute forme de contrôle : l’ « état de siège » (article 36) et les « pouvoirs exceptionnels » (article 16). Dans les deux cas, les formulations employées dans la Constitution laissent une grande marge de manœuvre au Président de la République, notamment dans l’appréciation du « péril imminent » ou de la « menace grave et immédiate », et lui donnent des pouvoirs démesurés. »

« Si par « institutions » on entend l’État, il est à la fois certain qu’il y aura des résistances dans certains secteurs de l’État mais que d’autres, en particulier les principaux appareils répressifs d’État (police et armée) seront assurément au diapason du nouveau pouvoir, notamment parce que Le Pen avance des propositions qui renforceraient leur pouvoir et leur impunité (présomption de légitime défense indiscutable), pour peu que le FN/RN soit suffisamment habile pour ne pas se mettre à dos une partie des cadres de ces appareils. »

« Quant à l’administration et aux autres institutions d’État, la plupart des expériences gouvernementales de l’extrême droite au 20e siècle n’ont guère montré une désobéissance généralisée aux directives du pouvoir, y compris lorsque les minorités étaient attaquées explicitement (évidemment chacun·e pense ici au régime de Vichy et au traitement réservé aux Juifs·ves). Il y a bien sûr toujours eu des femmes et des hommes qui, dans ce type de situations, ont résisté courageusement et agi conformément à des principes de justice et d’égalité, mais ils et elles n’ont pas été la règle, plutôt l’exception. »

« Ne minimisons pas en outre à quel point, sous un pouvoir d’extrême droite par définition radicalement hostile aux minorités et aux mouvements d’émancipation (et à l’inverse entièrement favorable à la police), le sentiment d’impunité de celle-ci s’élèvera à des niveaux inédits : vis-à-vis des exilé·es, des musulman·es, des Rrom·es, des quartiers populaires et d’immigration, des manifestant·es, des grévistes, etc. »

« Du point de vue capitaliste, il y a évidemment des risques à s’engager dans cette voie : une politique trop brutale vis-à-vis des mouvements sociaux pourrait provoquer l’émergence d’une mobilisation radicale de masse, et la classe dominante préfère en général s’épargner ce genre de risque, en préférant anesthésier les syndicats par toute la politique dite de « concertation sociale », de « dialogue social », etc., ou en faisant quelques vagues concessions (très vagues dans la dernière période). Mais si la crise politique s’approfondit et si la classe dominante a le sentiment non seulement qu’une riposte de grande ampleur est improbable du côté des classes populaires mais aussi que le pouvoir est suffisamment solide, ils peuvent être prêts à soutenir une politique de confrontation violente avec les organisations syndicales et les mouvements sociaux. »

« les fascistes, s’ils ne remettent jamais en cause l’ordre socio-économique une fois au pouvoir (malgré des discours aux tonalités anticapitalistes lorsqu’ils cherchent à séduire les classes populaires), ne sont pas une pure machination inventée par la bourgeoisie ; ils constituent une force politique qui s’appuient sur d’autres fractions de classe, en particulier les couches moyennes (qui lui fournissent ses cadres), et qui développent un projet politique distinct de celui des bourgeoisies, au moins le temps de la conquête du pouvoir, lui permettant de gagner l’adhésion d’une diversité de couches sociales. »

« l’extrême droite n’a pas besoin de menace révolutionnaire réelle pour s’ériger en rempart de l’ordre social contre des conspirations imaginaires, des révolutions fantasmées et des dominations inventées de toutes pièces. »

« leur électorat – qu’ils ont su élargir et stabiliser au cours des années 2010 – ne leur pardonnerait certainement pas de ne pas aller plus loin, et même beaucoup loin, que ce qu’ont fait les gouvernements précédents, vis-à-vis notamment des migrant·es, des étrangers·ères, des minorités (musulman·es, rrom·es, etc.), des quartiers populaires et de l’immigration. Un parti qui vient d’être élu cherche généralement à stabiliser sa base électorale, et pour cela à la satisfaire dans ses aspirations fondamentales. »

« En cas de victoire de [Le Pen], Zemmour et son parti feront assurément de la surenchère anti-immigré·es et islamophobe, lui reprochant sans cesse de ne pas aller suffisamment loin. Cela aura pour effet de faire apparaître le FN/RN comme plus modéré et « républicain », donc à le légitimer et ses politiques avec, mais cela constituera aussi une pression à aller effectivement toujours plus loin pour ne pas perdre le monopole de la radicalité nationaliste et suprémaciste-blanche. »


Retour sur l’analyse des résultats du 1er tour






Plus précisément









Le vote selon les communes les plus fortunées







Images tirées de cet article :


Analyse de Stefano Palombarini


Analyse de Bruno Amable


« ce qui reste du « mouvement ouvrier organisé » a donc constitué un point d’appui électoral important pour Jean-Luc Mélenchon au sein du salariat. »

« le candidat le plus âgé est celui qui a été le plus soutenu par les jeunes et le moins plébiscité des « grands candidats » par les personnes de sa propre génération »

« l’« insoumis » voit son score s’éroder parfois assez sensiblement dans la plupart des zones d’influences historiques du PC. C’est le cas dans le bassin minier du Pas-de-Calais, dans le Valenciennois, à Dieppe, dans l’agglomération havraise ou dans le sillon mosellan, par exemple. Mais les vieux bassins industriels ne sont pas les seuls concernés. On constate la même érosion dans le Vimeu (Somme), le Cher, l’Allier, la Haute-Vienne, la Corrèze, la Dordogne, les Hautes-Pyrénées, les Landes ou bien encore dans ce qui reste de l’ancien Midi rouge dans le Languedoc. De la même façon que les parrainages de maires communistes ont manqué à Mélenchon3, une partie de l’électorat communiste de province lui a préféré le candidat du Parti. »

« le candidat « insoumis », […] récupère 8% des voix macronistes de 2017 »

« l’électorat « insoumis » […] se recrute bien davantage dans la France des locataires (30%) que dans celle des propriétaires (17%). Dans ces grandes villes, les prix de l’immobilier sont élevés et rendent difficile l’accession à la propriété pour les jeunes, les classes moyennes et les catégories dotées d’un capital culturel et scolaire important, mais ne disposant que d’un niveau de revenus assez moyen, soit autant de clientèles électorales des « insoumis ».»

« Mélenchon passe ainsi de 13% parmi les tranches de revenus les plus aisés à 31% parmi les personnes gagnant moins de 900 euros. De la même manière, si 17% des salariés en CDI ont glissé un bulletin Mélenchon dans l’urne, les salariés plus précaires se sont davantage portés sur lui : 27% parmi les intérimaires et 33% chez les personnes en CDD (et 30% parmi les chômeurs, comme on l’a vu précédemment). On retrouve la même logique en termes de type de logement occupé. Mélenchon recueille 17% des voix des personnes résidant en maison individuelle, 22% parmi ceux vivant dans un immeuble privé, mais pas moins de 29% auprès de ceux qui occupent un HLM. »

« un jeune habitant de la cité de la Solidarité (dans le 15e arrondissement de Marseille) : « Mélenchon, c’est le seul qui nous a défendus quand Zemmour et Le Pen ont attaqué les musulmans »

« Emmanuel Macron […] recule sensiblement dans cet électorat en passant de 24% en 2017 à 14% cette année »

« Dans les classes populaires et les milieux les plus modestes, la concurrence a été rude entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Les deux candidats font ainsi jeu égal parmi les chômeurs et les personnes résidant en HLM. Parmi celles travaillant en CDD ou intérim, l’écart n’est que de trois points : 30% pour Mélenchon contre 33% pour Le Pen. Quand on pénètre dans la partie la plus stable du salariat, composée par les personnes bénéficiant d’un CDI, l’avance de Le Pen se fait un peu plus nette avec 29% contre 22% pour Mélenchon. Ce dernier est notamment devancé parmi les ouvriers et employés : 26% contre 34%. »

« Mélenchon devance Le Pen parmi les salariés se disant proches d’un syndicat (35% contre 22%), alors qu’il est nettement distancé au sein des salariés sans sympathie syndicale (19% contre 28%). »

« Marine Le Pen […] bénéficie en revanche d’un soutien deux fois plus important que celui de l’« insoumis » parmi les personnes de confession catholique : 27% contre 14%.

« Départements ultramarins, campagnes alternatives, bastions syndicaux, « génération climat », banlieusards et bataillons de la gauche diplômée des métropoles constituent l’archipel mélenchoniste. »



Analyse de la recomposition politique après le 1er tour de la Présidentielle


Analyse rationnelle, lucide des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle par Stefano Palombarini, auteur en 2017 avec Bruno Amable de L’illusion du bloc bourgeois. Elle se situe en termes de classes constituant des blocs d’électeurs votant pour leurs intérêts matériels, essentiellement, à des années-lumière de tous les bavardages stériles de tous les commentateurs et intellectuels organiques de la bourgeoisie : psychologisant, « analysant » parfois uniquement en terme d’âge (ou autre) sans prendre en compte les classes sociales et rapports de production.

QUELQUES EXTRAITS :

« la stratégie du Président a atteint son objectif : le bloc bourgeois s’est élargi vers la droite, en interceptant une fraction importante du vote Fillon, qui provenait pour plus de la moitié des retraités, sans perdre grande chose vers la gauche. Pour mesurer l’importance fondamentale de l’élargissement vers les retraités, il suffit de souligner qu’ils représentent désormais 43% du vote Macron. »

« Le Président garde l’essentiel des voix qu’il a héritées du PS, et cela malgré son virage à droite. »

« Le bloc de droite traditionnel, qui combinait une composante populaire et une composante bourgeoise, et dont on savait qu’il était en crise profonde, s’est définitivement effondré, amenant dans sa chute la candidate des Républicains. »

« Il faut rappeler que presque la moitié des électeurs Macron 2017 avaient voté Hollande en 2012, il s’agit donc d’un mouvement décisif pour l’affirmation du bloc bourgeois. »

« Le constat est sans ambiguïté : avec d’une part Macron situé clairement à droite, et d’autre part une offre politique entièrement construite par Jadot et Hidalgo pour la séduire, la bourgeoisie (anciennement) de gauche a massivement choisi le premier. Ce qui signale que pour cette fraction de la bourgeoisie, la garantie d’une continuité dans la transition néolibérale et dans la trajectoire européenne est absolument primordiale. »

« En 2017, les sondages montraient que la montée de Mélenchon s’accompagnait d’une baisse presque équivalente de Hamon. Rien de tel cette fois : alors que le candidat de l’Union Populaire passait de 10 à 22%, les deux autres perdaient environ trois points. Et plus important, le total gauche augmente de 4,4 points (de 27,6 à 32%), une progression strictement identique à celle du vote pour la gauche de rupture, qui ne s’est donc pas faite aux dépens d’EELV ou du PS. »

« dans une structuration autour de trois blocs, l’électorat EELV et ce qui reste de l’électorat PS semblent partagés dans le choix entre la gauche de rupture et le bloc bourgeois »

« L’autre perspective, pour laquelle se bat l’Union populaire, passe par la consolidation du bloc de la gauche de rupture. Ce bloc s’agrège autour d’une vision radicalement différente et totalement alternative à celle de la transition néolibérale. Par ce fait, une montée en puissance de cette alliance sociale qui se poursuivrait, en prolongeant la dynamique des dix dernières années, produirait mécaniquement la centralité dans le débat des thèmes liés à la relation salariale, aux services publics, à la transition écologique, à la protection sociale. Dans un conflit politique structuré par ces thèmes, et dans lequel le voile islamique ou l’identité française deviendraient immédiatement des non-sujets, on s’apercevrait vite que la distance entre l’action du bloc bourgeois et celle du bloc d’extrême droite est minime. Au point qu’il est tout à fait possible de supposer qu’un bloc de gauche radicale en mesure d’accéder au pouvoir produirait une fusion des deux blocs concurrents dans une alliance entièrement axée autour du néolibéralisme autoritaire. »

« Ce ne sont pas […] quelques résultats électoraux à être en jeu dans le combat engagé par Mélenchon et l’Union populaire, mais le devenir du système social français. »


Article d’analyse intéressant suite aux résultats du 1er tour. Avec un historique de la gauche et des perspectives qui s’ouvrent pour elle.

« La recomposition politique implique tendanciellement que se construise, se structure et s’organise un grand parti de la gauche de transformation, qui concilie l’objectif du rassemblement le plus large et la radicalité par l’exigence d’une rupture avec le système capitaliste dominant. »

« La gauche a un long et exaltant travail à accomplir. Les jeunes générations ont su imposer des thématiques et des approches nouvelles que JL Mélenchon a su assumer avec détermination et courage, quand d’autres légitimaient le discours de l’extrême-droite par démagogie électoraliste mais heureusement vaine. Des thèmes aussi variés que l’environnement, l’écologie, les questions de genre, le féminisme, les discriminations, les violences policières, le racisme, la pensée post-coloniale etc. font désormais partie de l’identité de la gauche de transformation. Sans que cela n’atténue en aucune façon la centralité de la question sociale qui d’ailleurs les englobe. Opposer le « sociétal » au « social » est un piège linguistique et politique qui est utilisé par l’extrême-droite et la droite et qui a contaminé jusqu’à certaines fractions de la gauche qui fétichisent certains concepts comme l’universalisme ou la laïcité au lieu d’en saisir la dimension dialectique. »


Bonne analyse très synthétique du dépérissement (mérité) de la « gauche » bourgeoise. On emploie le mot « gauche » par commodité et avec des guillemets mais, surtout en ce qui concerne le PS, il faudrait parler de droite ou de « sociaux-libéraux ». Mais la référence au social risquerait de porter ici aussi à confusion. Peut-être conviendrait-il de ne plus parler du tout de ces désormais groupuscules ayant sali le mot même de gauche ?

QUELQUES EXTRAITS :

« Qu’est-ce qui explique des scores aussi faibles pour les candidatures écologiste et socialiste, qui escomptaient pour des raisons diverses de biens meilleurs résultats ? Le vote utile pour le candidat de l’Union populaire est une explication certes tentante, mais trop facile : cet effondrement des gauches est largement dû à leurs propres limites. Médiocrité des dirigeants, faiblesse des programmes, inanité des stratégies déployées, fatigue des électeurs… »

« Nous assistons depuis des années à une intensification des antagonismes sociaux, qui se traduit dans le paysage politique par l’obsolescence des mouvements qui l’ignorent. »

« Ils ne comprennent pas le raidissement et la radicalisation du pouvoir face aux oppositions populaires. Leur logiciel est périmé. »

« Quant à EELV, ses cadres vieillissants ont pour la plupart abandonné les références altermondialistes au profit d’un social-libéralisme teinté d’éléments de langage environnementaux, qui feraient passer le greenwashing de la grande industrie pour un engagement radical. Le parti a bien intégré de nouvelles générations militantes avec les « marches pour le climat ». Mais celles-ci proviennent de couches sociales favorisées, rarement socialisées dans les mouvements contestataires classiques. Cadres et militants restent désespérément prisonniers de leur classe : leur progressisme est un libéralisme à l’américaine, compatible dans l’ensemble avec le gouvernement en place pour peu que celui-ci daigne leur donner quelques gages symboliques d’inclusivité verte. »

« Faute de pouvoir changer sa nature, EELV subsiste donc sous la forme d’un vote moral, permettant à des individus diplômés, progressistes et plutôt aisés de se donner bonne conscience. »




« Mais voilà : notre histoire et la pluralité de notre classe nous oblige, et nous en prendre à plus précarisés que nous, à ceux qui sont encore plus dans la merde que nous, – les musulmans, les immigrés, les racisés, pour ne pas les citer – ne nous vengera pas de Macron. Les macronistes s’inquièteront de ce que fera Le Pen avec l’Europe (rien) mais se satisferont tout à fait de la xénophobie de l’extrême droite. Bien mauvais calcul donc.

Le traitement médiatique contre Le Pen ne signifie par ailleurs en rien qu’elle serait l’ennemie de la classe dirigeante.  Ce n’est finalement que depuis ce second tour que les médias se réveillent et cela n’a rien d’un hasard, eux qui ont tant œuvré à nous imposer ce duel. De notre côté nous n’avons pas attendu le second tour pour informer de son programme antisocial, obsédé par le remboursement de la dette et les politiques d’austérité que cela promet, et de son projet autoritaire et xénophobe. Dès l’instant où Le Pen serait élue, cette même classe qui s’est accommodée de ses thèmes, se retournerait entièrement en sa faveur et tout recommencerait comme avant. Sûrement en pire.

Personne n’a à vous dire quoi faire et certainement pas ceux qui ont organisé ce choix et qui, jubilant, attendent de vous que vous vous soumettiez avec entrain ou résignation au leur. Pour voir combien de fois nous leur obéirons sans broncher. »

« nous devrons retrouver notre énergie et notre rage intactes pour défaire les plans du prochain candidat du capital »


Sur les législatives





QUELQUES EXTRAITS :

«  la France périphérique, la France des ronds-points et des Gilets jaunes, pour l’instant, ne vient pas à nous. »

« les métropoles votent plutôt pour nous, et surtout les quartiers populaires de ces métropoles. Mais dans les bourgs, dans les périphéries populaires, nous sommes loin, loin derrière. »

« Un coup d’œil à une carte du pays suffit : pour LFI, une zone rouge autour de Paris, et les territoires d’Outre-Mer. Le bleu foncé de Le Pen sur tout le nord, le Pas-de-Calais, la Picardie, la Champagne, la Lorraine, 42 départements, des terres ouvrières. Des terres où le vote Mélenchon recule, dans les (anciens) bassins industriels. »

« C’est, d’après Elabe, pour JLM, 24% en agglo parisienne (+8 points comparé à 2017). Mais c’est 14% dans les communes entre 20 000 et 100.000 habitants (-7 points). C’est 20%, 23%, 27% chez les ouvriers, selon les instituts, mais c’est 42%, 36% , 35% chez Marine Le Pen. C’est, pour IPSOS, 14% chez des non-diplômés, BEP, CAP, et 26% chez les au moins bac +3.

Le constat est plus parlant, encore, avec l’analyse de « Cluster 17 » – qui a toujours placé Mélenchon assez haut. Chez les « révoltés », en gros les quartiers, JLM est à 79%. La même razzia, presque, chez les « multiculturalistes », féministes, antiracistes : 75%. A peine moins chez les « solidaires », syndiqués, petite fonction publique : 66%. Carton plein, dans tout ça. Les « progressistes », jeunesse diplômée, les urbains, se divisent, eux, entre un vote Macron (39%) et un vote Mélenchon (34%).

En revanche, là où ça peine, c’est chez les « Réfractaires » (16%), les « Euro-sceptiques » (22%), les « Sociaux-patriotes » (14%). Trois groupes que Jean-Yves Dormagen, sociologue, initiateur de la méthode, décrit comme « de gauche économique, ayant longtemps voté à gauche ». Trois groupes où Marine Le Pen domine désormais largement (53%, 58%, 52%). Les « fâchés pas fachos » ne viennent pas chez nous, nous ne servons pas de paratonnerre à leur colère. »



Courrier des lecteurs (envers l’écologie bourgeoise)


Un lecteur :

C’était avant le 1er tour des élections qu’il fallait résister, on vous laisse deviner comment… Et ne pas être aussi pusillanimes mais bien prendre parti. Tant que vous ne dénoncerez pas le capitalisme écocide et ne militerez pas à minima pour l’éco-socialisme, c’est à dire un changement de mode de production, de consommation et d’échange, nous irons droit dans le mur. Il faut politiser, c’est à dire monter en généralité et avoir avoir une critique systémique et non pas dénoncer l’humain en général, ou les boomers comme responsables du désastre mais bien la bourgeoisie.

Autre chose :

Nous faisons tous de la politique. C’est se voiler la face que de prétendre le contraire. Tout mouvement citoyen fait de la politique et doit participer aux grands débats qui animent le pays. Et il y a un moment quand la question se pose de qui doit accéder au pouvoir d’État, à la présidence de la République, c’est normal de se prononcer, après, chacun en fera bien ce qu’il veut. Un vote Le Pen n’est pas une solution… pas plus qu’un vote Macron, soit un choix entre le pire et pire. Mais il faut reconnaître que Le Pen à l’Élysée, ce serait encore plus dangereux que Macron pour les libertés et les personnes d’immigration récente, dans les quartiers populaires, pour les musulmans mais très proche économiquement.


Médias bourgeois


Cas flagrant de l’intervention directe d’un actionnaire sur la ligne éditoriale d’un journal.




Brillante analyse.

QUELQUES EXTRAITS :

« Dans Libération, démarrage en côte : « le monde réalisé d’Emmanuel Macron […] nous savons pouvoir y vivre dans le respect des valeurs fondamentales qui sont les nôtres : la liberté, la tolérance, l’hospitalité, la diversité ». Faute d’avoir vécu le même quinquennat que nous, le MondeDeLaCulture en a manifestement adopté le principe directeur : la reconstruction délirante de la réalité. « La liberté » = la loi Sécurité globale, « la tolérance » = les manifestations à mains coupées et yeux crevés, « l’hospitalité » = les tentes lacérées, « la diversité » = la loi Séparatisme. »

« Manquer de la plus minimale intelligence de la situation, s’en croire pourtant supérieurement pourvus, s’autoriser de son néant pour catéchiser : c’est là le délire d’un groupe particulier. »

« Dans ces tribunes, pas un mot qui concerne les réalités matérielles des gens : pas plus celles du capitalisme autoritaire que celles du fascisme. C’est que la classe bourgeoise, elle, est délivrée des inquiétudes de subsistance — elle se consacre aux Grandes Questions. »

« PourFaireLeBourgeois(culturel), on vibre à l’international. L’éloignement facilite l’indignation : le Sublime s’atteint mieux à parler pour les autres. Chez soi c’est délicat : on a des intérêts, on veut les conserver — nullement savoir ce qu’il en coûte. On ne souhaite pas se figurer la misère qui monte ; on vit dans 120 m2. Les gilets jaunes ? — je cite ici un intervenant qui s’exprimait sur France Culture : « le samedi j’allumais ma télé en mode pop-corn pour regarder des heurts sur les Champs-Élysées. » Les voilà, les Belles Âmes. »

« Qui sont les signataires ? Des barons engraissés : CDI de chefferie ou cachets astronomiques du cinéma et du show business. »

« L’antidote au MondeDeLaCulture, c’est de sortir de l’isolement ; de participer à la lutte des classes. »


Analyse


Ici deux textes de penseurs qui aussi prestigieux soient-ils nous semblent être des positions « gauchistes » hors-sol. En effet, ce que peut apporter le combat dans les institutions bourgeoises est éludé au profit exclusif de mobilisations dans la rue, de conseils sans élection pour Badiou etc. Des postions qui sont belles sur le papier mais bien loin des réalités concrètes des gens, de ce que nous pouvons attendre comme changements immédiats sans attendre d’hypothétique grand soir et autres mouvements sociaux et surtout de la réalité concrète de ces derniers : leur manque d’efficacité car de centralisation pour coordonner et amener une stratégie mais aussi de la tactique. Il faudrait un article entier pour amener une critique vraiment pertinente. Mais toujours est-il que l’abstention est ici prônée (plus ou moins explicitement) au profit d’un sursaut de la rue quasi magique. Quand on voit l’immobilisme des grandes bureaucraties syndicales à se renouveler pour éviter de répéter toujours le même, c’est à dire de se placer en « partenaires sociaux » sans remettre en cause le cadre même de négociation, en un mot sans volonté de coordination offensive contre le capitalisme écocide ; quand on voit aussi par expérience tous les écueils propres à l’auto-organisation (horizontalité stérile), on ne peut s’empêcher de penser que les volontés de ces auteurs ne sont que des vœux pieux à mille lieues des difficultés du terrain. Mais leurs textes restent intéressants.


extraits du texte de Badiou

« Ma thèse est alors la suivante: ce qui caractérise la démocratie véritable, c’est qu’elle n’admet pas la représentation. Elle n’est pas représentable. Un parti, si prolétarien qu’il se déclare, n’est pas, ne peut pas être, la représentation des ouvriers, de la classe ouvrière. Il ne peut être qu’un des instruments politiques dont se dote la classe dans son combat contre l’hégémonie bourgeoise. Il demeure donc sous le signe du multiple: il est une multiplicité prolétarienne organisée, rien de plus.

En fait, en politique, ce qui est déterminant est la présence, la présentation, et non la représentation. C’est le multiple de la décision qui compte, et non l’Un de la représentation et d’une décision séparée. »

« les grands penseurs et dirigeants communistes ont bien vu le péril qu’il y avait à remplacer une détermination politique populaire par sa représentation, électorale ou partidaire. Ils n’ont pas pu empêcher que ce phénomène anti-démocratique l’emporte, et qu’avec lui l’hypothèse communiste, seule alternative à la domination capitaliste, soit terriblement affaiblie.

La démocratie véritable implique certes des formes d’organisation, mais une organisation n’est pas et ne doit pas être une représentation. Elle doit rester subordonnée à la multiplicité agissante. »



Fachos


L’EXTRÊME DROITE « HORS LES MURS » AVEC LE PEN ET ZEMMOUR
Vidéo intéressante référençant des groupuscules d’extrême droite violents (nationalistes identitaires, néo-fascistes voire néo-nazis) et catholiques intégristes comme Civitas etc. dont des membres peuplent le Rassemblement National de Marine Le Pen et le parti Reconquête d’Éric Zemmour.

Local


Au moins l’effort est fait ici pour théoriser des pratiques militantes et la façon d’intervenir dans le mouvement social. Même si l’on sent une séparation d’avec les classes populaires, les GJ etc. et finalement un rapport distordu au réel, qui semble quelque peu hors-sol.

À propos de Mélenchon :

« l’état ne peut être que l’incarnation d’un pouvoir séparé s’exerçant sur et non par la société. »

Arguments ?

« Quant à un camp révolutionnaire, on le cherche encore, il n’existe tout simplement pas malgré des luttes et des volontés bien vivaces ces dernières années. »

Lucide
À propos de Mélenchon :

« Peut-être aussi aurait-il fait un « meilleur ennemi », ou au moins l’extrême droite ne serait pas présidentiable pour cette fois. »

« Seulement, nous pensons aussi que ce ne sont pas des élections ou un parti institutionnel qui réglera in fine tous nos problèmes et nous conduira à l’émancipation véritable. En effet, pour nous, la possibilité d’un renversement du système de l’intérieur, apparaît complexe voire impossible et illusoire. »

« Cependant, on estime qu’il faut s’organiser concrètement à notre échelle contre ce qui nous dépossède avec des principes clairs qui nous identifient en tant que force politique de proposition et de rupture. Ce que nous voulons c’est l’abolition du travail, la fin de l’exploitation, de la domination et de l’aliénation que produit ce monde marchand car nous voulons être libres. Nous voulons la suppression de la propriété privée des moyens de production et tendre à un communisme véritable, une société sans état et non-marchande, car nous voulons une vie digne d’être vécu. »

« Nous pensons bien que ce n’est pas dans les urnes que l’ont assistera au début d’un changement radical de société. »

Dans ces extraits des velléités maximalistes en dehors des situations concrètes comme dans les textes de Badiou et Lordon. La proposition est manichéenne : tout ce qui arrivera de bon se passera magiquement dans la rue et rien dans les institutions.

Mais il y aurait là-aussi trop à dire…

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